Date d'ajout : dimanche 03 janvier 2016
par Dani�le ALEXANDRE-BIDON
REVUE : REVUE D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, 232
Cet ouvrage, un recueil de 14 articles dont certains sont signés de maîtres du genre, de Jérôme Baschet à Claude Thomasset, rassemble autour de Satan une théorie d'articles portant sur des sujets variés. Sous l'étiquette diabolique apparaît d'abord, incontournable, la femme ; on assiste à la naissance, à la fin du moyen âge, du motif des sorcières, sur lequel un intéressant article de J.-P. Boudet fait le point ; les sorcières, dont le caractère diabolique est « multiple, divers, protéiforme », apparaissent heureusement davantage dans la fiction que dans la réalité et ne constituent qu'un phénomène tardif. Autre population « à haut risque », en ces temps douloureusement intransigeants, les juifs, déjà cernés dans La Peur en Occident par Jean Delumeau. Les sources littéraires sont également mises à l'honneur, romans, théâtre, de même que l'image, avec la peinture à fresque et l'inévitable danse macabre du cimetière des Innocents : mais fallait-il confondre le Mal avec la Mort ? Il est vrai cependant que cette fresque eut des implications pédagogiques certaines et que, par le Bourgeois de Paris, l'on connaît le cas de tel prédicateur qui prêchait dos tourné à cette image. Comme la mode est aux grandes catastrophes historiques, un article fait le point sur la météorologie à partir de la chronique tenue par ce Bourgeois : la météorologie, qui est alors l'expression de la volonté divine - mais du Mal seulement ? - permet de rappeler que les diables volaient dans les airs pour empêcher les âmes de rejoindre le Ciel… Dans cet ouvrage composite, plutôt hétéroclite, on aura compris que Satan est finalement peu présent, comme il l'est au demeurant dans les textes testamentaires. La définition de la présence est parfois extensible, comme dans le cas de la Mort, ce qui induit une, imprécision regrettable. Mais l'ouvrage vaut amplement la lecture pour l'écriture et le contenu remarquables de quelques-uns de ses articles.