Date d'ajout : mardi 10 octobre 2017
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RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE 105, 2, 2017
Les dix opuscules, écrits vraisemblablement entre 1432 et 1442, sont restés longtemps méconnus. Ils exposent cependant, selon Maurice Vidal, la volonté de NICOLAS DE CUES de promouvoir dans l’unité la nécessaire réforme de l’Église. La période de leur rédaction est marquée par les contrecoups du grand schisme d’Occident (1378-1417) et l’opposition des partisans de la centralisation pontificale et de ceux qui soutiennent les thèses conciliaristes. Martin V (1417-1431) a été élu par le concile de Constance (1414-1418) pour mettre fin au schisme. Eugène IV lui succède (1431-1447). Devenu une institution régulière, un concile est réuni à Bâle en 1432. On y débat entre 1433 et 1434 de la question des Hussites et de la controverse entre Eugène IV et le concile lui-même. En 1437, Eugène IV, arguant de la nécessité de tenir un concile d’union avec les orthodoxes, transfère le concile de Bâle à Ferrare. Un noyau de prélats schismatiques demeure à Bâle, suspend Eugène IV et élit Félix V qui fut antipape de 1439 à 1449. Mais revenons à NICOLAS DE CUES. À la mort de l’archevêque de Trèves, il soutient la candidature contestée d’Ulrich de Manderscheid. Pour trouver des soutiens, il se rend à Bâle en 1432. Là il prend place parmi les conciliaristes car, habité par ce qu’il a écrit dans la Concordance catholique, il pense que le pontife romain ne paraît plus indispensable pour garantir celle-ci. En 1437 tout bascule, il se rallie à Eugène IV qui l’envoie en mission à Constantinople pour inviter l’empereur byzan- tin, Jean VIII Paléologue et le patriarche de Constantinople à prendre part au concile. Une délégation, qui a en tête de se réunir avec l’Église de Rome pour obtenir son soutien contre les Turcs, choisit le parti de la centralisation pontificale contre celui de la dispersion conciliaire. Elle arrive à Ferrare en mars 1438. En janvier 1439, le concile sera transféré à Florence. NICOLAS DE CUES ne demeure toutefois pas à Ferrare, il est envoyé en Allemagne pour rallier les princes et les ecclésiastiques allemands à la cause du pape. Ses talents de diplomate font alors merveille, et lui valent son surnom d’Hercule des Eugéniens. Ayant ceci à l’esprit, il devient plus facile d’entrer dans la présentation d’Hubert Vallet qui a rassemblé les dix opuscules selon trois moments. La période baloise (1432-1434) est celle du schisme de Trèves, du débat avec les Hussites, du conflit entre le concile et le pape. Le temps de la relecture des conciles de Bâle et de Constance (1440-1442) est aussi celui de la participation aux diètes impériales. Le dernier moment est jalonné par trois très beaux textes, présentant une « ecclésiologie mystique », une « ecclésiologie théologique » et une « ecclésiologie philosophique ». En tous ces opuscules, NICOLAS DE CUES défend que rien ne peut être préféré à l’unité de l’Église, qui en est l’essence même.