Date d'ajout : mardi 04 juillet 2017
par M.-A. G.
BULLETIN DE LITTÉRATURE ECCLÉSIASTIQUE 1974, 1
Il s'agit de l'anaphore dite de saint Jacques, dont il existe deux recensions: grecque et syriaque. La recension grecque a fait l'objet d'une excellente édition critique par Charles Mercier dans la Patrologie orientale, la recension syriaque par Rucker d'abord et ensuite par Dom Odilon Heiming dans les Anaphorae syriacae. André Tarby n'avait donc pas à refaire ces travaux, qu'il résume rapidement; mais, comparant ces deux recensions entre elles et avec les autres versions de la même anaphore, il essaie de reconstruire le texte primitif, dégagé de toutes les additions ultérieures : ce texte, plus proche de la recension syriaque, pourrait être considéré comme la prière eucharistique de Jérusalem au temps où l'évêque Cyrille et son successeur Jean prononçaient leurs catéchèses. Une telle recherche critique n'était qu'un préalable, car l'objectif essentiel de A. Tarby est d'analyser « ce donné original qu'il était intéressant de cerner et de circonscrire comme l'expression d'une tradition vivante capable de ressourcer, aujourd'hui encore, la foi des chrétiens » (p. 8). Cette analyse, l'auteur l'éclaire à la lumière des écrits des Pères et par comparaison avec l'ensemble des anaphores orientales, tant syriennes que byzantines et alexandrines ; il faut reconnaitre l'ampleur et la qualité de son érudition, car je n'ai guère relevé qu'une lacune : il ne semble pas avoir connu, sur l'épiclèse eucharistique l'article de A. Chavasse, qui, dès 1946, proposait une interprétation voisine de la sienne. On recourra désormais à ce livre chaque fois qu'on voudra commenter telle ou telle partie d'une prière eucharistique ancienne ou moderne. Quelques aperçus sont particulièrement pénétrants, notamment sur le rôle des anges (pp. 120-122), sur le thème de la « rénovation de l'image divine » (pp. 124-134), ou sur celui du « sacrifice redoutable » (pp 146-151). Il est dommage que l'auteur ait exclu de son exposé les intercessions, exigeant, selon lui, une étude particulière qu'il n'a pas encore entreprise (p. 46). Regrettons aussi les nombreuses fautes d'impression des mots grecs, qui ont obligé à une longue liste d'errata. Çà et là enfin, A. Tarby a cédé au jargon de notre temps (pp. 88, 153, etc.), rarement pourtant ; et il a le mérite de demeurer modeste en posant à la fin la question : « Une prière pour aujourd'hui ? ».