Date d'ajout : samedi 12 septembre 2015
par Claude CH�GUT
REVUE : LE BULLETIN D’ESPALION 20 AOÛT 1999
Juin 1940. Les envahisseurs arrivent dans le Pas-de-Calais. Un garçon de 17 ans part en vélo, sans prévenir ses parents. Il traverse toute la France, arrive en Espagne. Il se retrouve en prison, est livré aux Allemands au risque d'être fusillé. Il passe en Angleterre où il s'engage comme navigateur dans la Royal Air Force jusqu'à la fin de la guerre.
C'est le même Jean Dupuis que l'on rencontre ensuite, agrégatif de droit, jurisconsulte de l'agriculture et des finances, responsable des services juridiques de la Caisse Nationale de Crédit Agricole, Président de la Société des Caves de Roquefort de 1970 à 1985, directeur général d'Unigrains, administrateur fondateur de la Fondation pour l'Epanouissement et le Renouveau de la Terre.
Tout le contraire de l'homme effacé, doux rêveur idéaliste, voire illuminé, que ses adversaires, et il en a, décrivent parfois visionnaire certes, mais excellent gestionnaire, de cette intelligence rapide, en perpétuel jaillissement, assortie d'un humour qui fait des envieux.
S'ajoutant à tout, la simplicité, la jovialité et surtout une fidélité de marin, on obtient aisément le tableau ressemblant du personnage qui nous a quittés, trop tôt et sans crier gare, en début de cette année.
Fort heureusement pour nous, Jean Dupuis aura eu le temps d'écrire, sinon de corriger, un manuscrit publié ces jours-ci aux éditions Beauchesne à Paris, intitulé « l'Aubergiste oublié ». Livre insolite sans doute, aussi bien dans la forme que dans le fond. Pas une autobiographie, une seule allusion à la fin, à la taille et à la rondeur de l'auteur. Pas un livre de catéchiste ou d'exégète, malgré de nombreuses références bibliques.
Après la première sensation de surprise, on retrouve avec joie les grandes lignes des idées économiques, financières et sociales de Jean Dupuis, déroulées de façon toute naturelle.
Coups de projecteurs nouveaux dont nous avons tous besoin pour éclairer la route. Vieux chemins de pèlerinage comme on en trouve en Rouergue, jalonnés par les étapes d'une vie, celle du bon aubergiste, celui qui ne renverse pas la sauce sur votre pantalon.
Sa devise pourrait être la nôtre, celle forgée et mise en pratique par Jean Dupuis : « Faire le bien et bien le faire ».