Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016
par V. ROISEL
REVUE : REVUE THÉOLOGIQUE, 2, 1997
Cette thèse de l'École Pratique des Hautes Études - où l'A. est Directeur d'études à la section des Sciences Religieuses - rend accessible aux travailleurs en théologie positive, de façon aussi ordonnée et complète que possible, la documentation relative à l'histoire ancienne des croyances touchant le « sort final » de Marie. Cette expression a l'avantage de recouvrir la grande diversité des conceptions rencontrées au sein du christianisme orthodoxe : résurrection corporelle ou incorruptibilité du corps, passage ou non par la mort, accès immédiat ou différé à la glorification définitive… S.CI. M. en établit soigneusement la typologie, où il trouve des indications pour une mise en perspective diachronique, une généalogie où l'on passe d'un « groupe ancien » de représentations à un « groupe récent » (dont l'avènement n'élimine pas nécessairement les témoins primitifs). Ses observations lui permettent d'utiliser critiquement les travaux de devanciers comme M. van Esbroeck. Sa contribution n'est pas la première en ce qui concerne le rassemblement et le classement des traditions littéraires ; elle innove en accordant un traitement analogue aux traditions « topologiques », celles qu'attestent les données archéologiques, liturgiques et autres qui se rapportent à un lieu déterminé. Si, pour apprécier correctement l'apport d'un document littéraire, il importe de le situer parmi les autres, on ne saurait non plus négliger la complémentarité qui joue entre ce genre de données et celles de la topologie.
Les traditions littéraires, première moitié de l'ensemble, où l'on distingue œuvres apocryphes, textes patristiques, écrits hagiographiques, se répartissent par langues : syriaque, grecque, copte, arabe, éthiopienne, latine, géorgienne, arménienne. Pour chaque document, une fiche signalétique : tradition manuscrite, titre, analyse littéraire, provenance et date, analyse doctrinale. La « voie topologique » nous met en présence de l'expression publique d'une communauté. L'enquête se concentre sur les traditions mariales situées à Jérusalem et dans les environs. Un chapitre qui interroge de nombreuses homélies est réservé à la liturgie, où une fête de la Mémoire de Marie précède celle de la Dormition et de l'Assomption. Sont ensuite passées en, revue les traditions locales sur la maison de la Vierge et son tombeau. A quoi s'ajoutent un bref chapitre sur les traditions divergentes d'Éphèse et un exposé fourni des traditions de Constantinople et de Jérusalem sur les reliques de Marie.
« Simple document de travail », dit l'A., destiné à préparer des éditions et des études critiques, cet ouvrage satisfait aux exigences les plus rigoureuses en fait d'érudition et de méthodologie. Il comprend d'utiles tableaux comparatifs, la traduction de quelques textes, près de 2 200 notes, 42 pages de bibliographie ordonnée, exhaustive en ce qui concerne les traditions particulières. Il satisfera les historiens ; il peut encourager à un bon usage de l'argument de tradition les dogmaticiens, qui remarqueront dans la littérature mariale des reflets des controverses christologiques.