Date d'ajout : dimanche 20 septembre 2015
par Y. C.
REVUE : SENS, septembre 2003
Ecrit avant la « Déclaration de Drancy » (1997), cet ouvrage, qui étudie l'attitude des Evêques français face à Vichy, a adopté la problématique qui est formulée dans le premier sous-titre : « Loyalisme sans inféodation ». Ainsi, les quatre chapitres qui le composent cherchent-ils à montrer comment s'est établi, entre la hiérarchie catholique et l'État français, un type de soumission en fait unilatérale, qui sera maintenu « contre vents et marées » (c'est le titre du chapitre 4) après 1942. Jean-Louis Clément, maître de conférences à l'Université Robert-Schuman de Strasbourg, fait ici un constat, fondé sur l'analyse des archives à la fois de l'Église de France et de l'État - archives nationales et certaines archives départementales. Ce constat est nuancé : tous les évêques n'eurent pas la même attitude à l'égard de Vichy ; tous ne conçurent pas de la même manière, et d'une manière constante au long des quatre années que dura le régime, la légitimité de l'État français ; tous n'eurent pas la même attitude à l'égard de la résistance, à propos du STO ou « face à la "question juive" » comme le montrent « les condamnations officielles de l'été 1942 »… Il reste que le ralliement - même s'il y a eu des réserves - de l'Assemblée des Cardinaux et Archevêques à l'État français, la large participation de l'épiscopat au programme de "redressement national", et même les discussions qui eurent lieu autour de la théologie traditionnelle du politique, montrent - ce qui sera la base même de l'acte de repentance de Drancy - que l'Église catholique en France en tant qu'institution, indépendamment de quelques figures remarquables, n'a pas engagé une réflexion de fond sur son rapport au pouvoir et sur le rôle d'instance de référence qu'elle avait à jouer. Mais de cela, Jean-Louis Clément ne parle pas, et c'est dommage, car alors son livre, informé, aurait pris une autre dimension.