Date d'ajout : mardi 04 avril 2017
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REVUE : REVUE DU CERCLE D'ÉTUDES D'ANGERS, octobre 1978
Le bienheureux Jean-Martin Moye (1730-1793), lorrain, est connu dans l'est de la France pour avoir fondé, un peu avant la Révolution, la Congrégation des Sœurs de la Providence, qui a survécu à toutes les difficultés des deux derniers siècles.
Prêtre des missions étrangères, dix ans missionnaire en Chine (au Se-tchouen), emprisonné, torturé, Moye était rentré en France, à bout de forces, en 1784.
Paru après plusieurs biographies du Bienheureux, dont l'excellent récit en images des Ed. de Fleurus, l'ouvrage du Père Tavard, assomptionniste, les suppose sans les répéter. L'essentiel de la biographie y est donné pourtant. Mais on y trouve surtout une étude des idées de Moye écrivain spirituel et de sa vie intérieure. Dans le déclin religieux du XVIIIe siècle, ce mystique isolé étonne, comme, d'une façon différente, saint Benoit Labre.
L'auteur précise les sources des principes spirituels du Bienheureux : ce sont surtout les écrits des grands classiques du XVIIe siècle, Bérulle, Lallemant, François de Sales. En pastorale, Moye, bien qu'opposé au jansénisme, apparaît rigoureux dans ses premiers ministères en Lorraine. Du clergé de son temps il dit la forte part de responsabilité dans les approches de la Révolution. Son ministère de Chine lui avait révélé un peuple de moralité assez élevée et des chrétiennes chinoises supérieures aux chrétiennes lorraines.
La partie la plus originale du livre concerne l'itinéraire spirituel mouvementé que laisse entrevoir sa correspondance. On y voit en particulier une âme sainte, éprouvée et élevée très haut par des grâces mystiques, rencontrant de dures difficultés humaines et goûtant la paix dans une zone secrète, supérieure, celle que saint François de Sales appelait « la fine pointe de l'âme ».
Les analyses sont menées avec minutie, clarté malgré des retours en arrière, et sens religieux. Aux prêtres et à tous ceux qu'intéresse le secret d'un profond rayonnement apostolique, ce livre le révèle, une fois de plus, dans cette vie exemplaire.