Date d'ajout : mercredi 19 août 2015
par P. Louis-Marie
REVUE : RENAISSANCE DE FLEURY, décembre 2000
Ce volume regroupe les cinq leçons publiques données en mars 1999 à l'Institut Catholique de Paris. Les auteurs, avec de notables différences d'accentuation, explorent l'interface entre discours philosophique, discours poétique et discours mystique. D'abord trois philosophes. Pour M. Villela-Petit, « bienheureux le poète qui donne beaucoup à penser, sans que la pensée d'aucun penseur ne se l'approprie » (45), ce qui fut la tentation du philosophe Heidegger à l'égard du poète Hölderlin. Pierre-Jean Labarrière scrute le « penser poétique » de Michel Deguy, où il pressent une aventure mystique consistant à « sonder la profondeur de l'existence commune » (53), à « surhumaniser l'humain ». De la contribution de J. Greisch, retenons les fines analyses de Hölderlin et surtout de Celan, le poète juif qui osa encore écrire de la poésie après Auchwitz et se livrer à la « plainte questionnante ». N:-Nabert dénonce, sans doute avec trop de sévérité, les dérives de la « poétique de la fusion » décelables, selon elle, chez plusieurs contemplatifs cisterciens et chartreux déviant vers les « rêveries hypostatiques de la fruition divine » (145); on aimerait savoir comment l'auteur définit « hypostatique » et on hésite à admettre qu'un « désir d'union hypostatique » (151) travaillait ces contemplatifs certainement avisés qu'une telle union est propre à Jésus-Christ (union dans sa personne de la nature divine et de la nature humaine)… Enfin, H. Meschonnic, théoricien de la poésie, s'essaie à prendre comme objet d'observation « le double effet d'une philosophie hantée par la poésie, et surtout d'une poésie hantée par la philosophie » (157)