Date d'ajout : mardi 11 avril 2017
par J.L. P.
ARTUS, 1984
Sans Walesa et autres agités de la Baltique, bien malin qui saurait situer cette Silésie où l'odyssée de Le Sage le contraint d'échouer de 1796 à 1802, après des séjours au Pays-Bas autrichiens puis en Allemagne, fuyant la ferveur révolutionnaire qui galvanisait la France et même quelque avant-postes révolutionnaires en Bretagne. La thèse de troisième cycle de Xavier Lavagne d'Ortigue (conservateur de la Méjanes à Aix), sous la direction de feu l'érudit nantais Victor L. Tapié, est consacrée au chanoine régulier norbertin (lisez : prémontré) Hervé-Julien Le Sage (1757-1832). Natif d'Uzel, entré chez les prémontrés de Kerity-Beauport en 1777, il exerça avec distinction différentes tâches ecclésiastiques dans l'évêché de Saint-Brieuc avant et après la tourmente révolutionnaire. Le mémorialiste seul intéresse Xavier Lavagne, qui donne la première édition des « Mémoires d'exil » de Le Sage, relation de son nomadisme de 1791 à 1797, composée en 1800 à la demande d'une chanoinesse de Czarnowanz, pendant les cinq ans qu'il y passa. Sous le titre programme de « Érasme à Eusébie », les mémoires des voyages d'un religieux curé françois adressés à une religieuse allemande de son ordre », c'est le récit complet de ses tribulations narré sur le mode mi-plaisant mi-sérieux... Autant le dire, la théologie flirte avec la mondanité, les règlements de compte entre ecclésiastiques badinent avec d'utiles considérations sur les temps ... et les mœurs des exilés et des naturels d'entre Oder et Vistule. En définitive, un document éminent sur les mentalités religieuses du temps, qui intéressera autant les historiens de la Bretagne que les analystes de l'Esprit public à travers l'Europe au temps de la Carmagnole puis des Aigles napoléoniennes.