Date d'ajout : mercredi 19 août 2015
par FOI ET VIE, d�cembre 2002
La terminologie, comme la langue d'Esope, peut être source d'ambiguïté ou de clarification. Le livre d'Hubert Debbasch a le premier mérite de clarifier le mot « désir ». Sans détour, ni synonyme hypocrite, l'auteur centre son sujet sur le désir, celui de Dieu, qui n'exclue pas celui des hommes. Écartant le désir désordonné qu'est la « cupiditas », l'homme doit préparer le désir ordonné qu'est la « caritas ». Le premier est perversion du désir, le second en est la perfection. Citons Saint-Augustin qui le définissait ainsi : " L'amour par lequel on aime ce que l'on doit aimer ", formule redondante à la manière d'une publicité pour un parfum d'Azzaro !
Dieu dit à Daniel par l'intermédiaire de l'ange Gabriel : " Tu es l'homme objet de mon désir ". Hubert Debbasch en tire le brillant syllogisme : " Si l'homme désire Dieu, n'est-ce pas parce qu'il est l'icône d'un Dieu qui le désire ? " D'où le titre de cette thèse fort bien charpentée dans ces convictions et fort bien étayée, grâce aux exemples de saint Bernard, de saint Thomas d'Aquin, et pour revenir à la Bible, du premier des prophètes, Osée. À notre point de vue, le chapitre sur saint Augustin nous paraît le plus pertinent, l'argumentation est claire et la personnalité même du Saint est une excellente illustration d'un homme qui, parce qu'il a connu le désir charnel, parle, écrit, enseigne en connaissance de cause. Pour les chrétiens d'aujourd'hui, tentés par l'illusoire « nirvana », il n'est que de se replonger dans l'œuvre de saint Augustin : " Celui qui perd sa passion perd plus que celui qui se perd dans sa passion ". Loin des digressions oiseuses, Hubert Debbasch attise en nos âmes ce désir de Dieu, par sa prose sobre et dynamique, par son appétence pour les citations éclairantes, par la chaleur enfin de sa conviction.