Date d'ajout : lundi 09 novembre 2015
par Y. C.
REVUE : SENS, 5/2003
Haïm Brezis est professeur à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), membre de l'Académie des Sciences… C'est un éminent mathématicien, internationalement reconnu dans un domaine de pointe. Par ailleurs, issu d'une famille originaire de l'Europe de l'Est fuyant les persécutions, il a, dit-il, eu le privilège de recevoir une éducation imprégnée de textes hébraïques. Mais, ajoute-t-il, il n'avait pas vraiment fait le rapport entre ces deux activités qu'il vivait, jusque là, comme des domaines séparés. D'où son étonnement, d'abord, lorsqu'un collègue de la même université, directeur d'une collection de témoignages sur les rapports entre science et foi, lui a proposé de faire ensemble un livre d'entretiens. Vint ensuite, se prenant en quelque sorte au jeu, la nécessité d'approfondir la réflexion pour expliciter ce qui n'était pas au départ conscient, pour expliquer aussi au Chrétien ce qui caractérise le Judaïsme, ce qui lui est propre et qui peut relier les deux activités saisies isolément.
D'où ce livre d'entretiens, élaboré en cinq chapitres : « Parcours de jeunesse » ; « L’obligation d'étudier : le premier commandement » ; « une théologie de l'étude et de la créativité » ; « le métier de mathématicien » et « Identité d'Israël. À bâtons rompus ». Mais par delà les intitulés, qui dessinent déjà un parcours, il faut sentir qu'il y a beaucoup plus : que les deux interlocuteurs - et nous par procuration - se sont ,mutuellement enrichis dans et de ce dialogue. Il ne s'agit pas seulement d'affirmer l'accord remarquable entre spéculation mathématique et travail sur la Torah ; ou d'expliquer, par le rôle central de l'étude dans le Judaïsme, la formidable capacité de travail et d'inventivité que l'on trouve chez certains intellectuels juifs ; il faut aussi remonter aux textes, retrouver une tradition qui éclaire alors singulièrement le présent.