Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016
par H. JACOBS
REVUE : NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE, 4, 1997
Dominique Lambert est professeur aux Facultés Universitaires de Namur, Marc Leclerc à l'Université Grégorienne, à Rome. L'un et l'autre sOnt à la fois scientifiques et philosophes : la richesse de leur apport vient de cette conjonction privilégiée entre deux directions de pensée qui trop souvent s'ignorent quand elles ne se dédaignent pas l'une l'autre. Les notes de l'ouvrage montrent l'étendue de l'information des AA. Mais, en profondeur, leur réflexion s'alimente de façon privilégiée à l'épistémologie du P. Gaston Isaye, S.J., dont elle manifeste la force et la fécondité. Ce philosophe, trop peu connu, avait redécouvert la rétorsion aristotélicienne. Il avait montré comment cette démarche du tollens ponit révèle les nécessités immanentes à l'acte de l'esprit comme tel, et combien elle permet d'accéder aux justifications critiques que recherche toute quête des fondements. En s'interrogeant sur la fondation des mathématiques, les AA. concluent que la réalité effective des mathématiques contemporaines ne devient intelligible que par une analyse métaphysique. Ils mettent en lumière les conditions nécessaires, mais peut-être pas suffisantes, que doit satisfaire toute élaboration métaphysique prétendant fonder l’architecture implicite des connaissances mathématiques. Ils font apparaître combien seule la constitution d'une métaphysique de l'action, reposant sur une méthode critique, permet de rendre raison des méthodes méta-mathématiques utilisées pour éclairer les spécificités des structures formelles des théories mathématiques. Recueillant l'héritage d’Aristote, à travers sa reprise par le P. Isaye, les AA exposent la signification de ce qu’ils appellent « la rétorsion médiatrice ». Seule celle-ci constitue la méthode susceptible de fonder critiquement la connaissance et, en particulier, une métaphysique rigoureuse. Dans la perspective ainsi ouverte, il est possible, évitant écueils et apories, d'articuler sciences et métaphysique de manière tout à fait précise et convaincante. La portée médiatrice et fondationnelle de la rétorsion, dans cette entreprise, manifeste le lien indissociable qui relie la pensée et l'être.
Deux exposés achèvent cette importante contribution à la philosophie des sciences : l'un sur la rétorsion et la méta-mathématique, l'autre sur la rétorsion et le principe anthropique. Les AA. y mettent brillamment en évidence les virtualités insoupçonnées de la rétorsion critique, dont leur ouvrage démontre la lumineuse fécondité.