Date d'ajout : mardi 20 février 2018
par Y. CONGAR
Revue des Sciences Religieuses, tome 40, fascicule 2, 1966
Nous ne sommes pas sûr que le titre de cette monographie historique soit bien choisi. Le plus intéressant est ce qui touche M. Blondel. Or la pensée de celui-ci ne doit guère au modernisme que son cadre chronologique et des occasions extérieures de mieux expliciter sa pensée : celle-ci est liée à une philosophie et à une réflexion indépendantes du modernisme. Mais il est vrai qu'elle s'est exprimée, approfondie et précisée en affrontant le semi-rationalisme scolastique de Schwalm et de Gayraud (le P. Schwakn a, par la suite, mieux rendu justice à Blondel), l'historicisme critique de Loisy, enfin l'interprétation d'Ed. Le Roy, dont Blondel mit d'autant plus de soin à se distancer qu'un regard superficiel pouvait rapprocher les deux positions. Du reste, Blondel a passé une grande partie de sa vie à s'expliquer en face d'interprétations qui déformaient sa pensée. Celle-ci s'attachait à ce qu'on peut appeler les correspondances philosophiques de la réalité concrète qui relève de fait d'un ordre surnaturel. Le rapport qu'il met entre le fait « miraculeux » et la « Philanthropie » divine est caractéristique à ce sujet. L'auteur montre, dans un dernier chapitre, l'influence des idées de Blondel jusque sur les théologiens contemporains. Il eût pu faire une place
meilleure à E. Masure, tout juste mentionné en bibliographie (p. 165 et 204) et citer l'article du P. Liégé (Rev. Se. ph. th., 1951, p. 249-254). Toute cette histoire est encore intéressante pour nous : dans une grande mesure, les problèmes de cette époque sont encore au fond des nôtres. Cette monographie reconstitue un chapitre important de notre propre histoire.