Date d'ajout : mardi 02 décembre 2008
par Jean DEVILLERS
Assurément, Monsieur Michel WAGNER produit un premier roman de haut vol.
Le style adopté dans son ouvrage est, notamment et avec une belle constance, empreint de métaphores choisies.
Le va-et-vient entre l'enfance et la guerre est aussi inattendu que captivant : une sensation d'inédit et de grande sensibilité.
La forme adopte mots et tournures amenant à faire "époque et lieu" de manière prégnante, le récit n'en devenant que plus passionnant.
Récit ?
Michel WAGNER y tend souvent au sublime tout en démontrant la petitesse de l'homme perdant par là son droit à la majuscule.
Le lecteur a cette chance de se trouver, en même temps, face à un narrateur, un carnet de notes, un protagoniste, un fantôme, des lettres la résultante produisant une ambiance aussi rare que riche, dans toute la consistance du terme.
Un prolongement de ce qui précède réside dans l'usage d'une multiplicité de pronoms personnels.
Ceci génère une perception d'authenticité -voire de véracité- des éléments du conflit, sensation omniprésente.
Etonnamment, Monsieur WAGNER parvient même à démêler l'écheveau historique, pourtant si complexe, tout en assurant un mélange de personnages historiques réels avec d'autres, de fiction : il y a vue d'ensemble de la guerre, comme si le lecteur occupait l'état major !
Enfin, l'auteur fait usage avec bonheur d'intertextualité à ce point qu'elle confine parfois à une création artistique : Cervantès, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ne sont-ils pas tous sources dignes d'une bibliothèque idéale ?
"L'apparence de la Mort" ?
Un style exact, précis, en relief, nécessaire, sous les mots et dans les mots.
Un style qui réveillerait un mort.
En somme, "une chrysalide et son puissant symbole" (M.W., p 146)
Jean DEVILLERS, Préfet d'Athénée (Belgique).