Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016
par BULLETIN CRITIQUE DU LIVRE FRAN�AIS, juin 1998
Si pendant de nombreuses années, la mystique n'a semblé concerner qu'une frange de spirituels (chrétiens notamment), cette expression religieuse passionne désormais tant théologiens que laïcs, liés ou non (souvent ce n'est d'ailleurs pas le cas) aux institutions des Églises. De nombreux traités sont publiés, beaucoup de textes anciens et importants, mais parfois presque oubliés, trouvent aujourd'hui de nombreux lecteurs, Il est donc utile, en une telle période, de poser des critères de discernement. C'est là l'objet de l'essai de dom Pierre Miquel, qui a retravaillé et complété pour l'occasion des articles précédemment parus dans diverses revues. Le plan de l'ouvrage, très cohérent, est composé de six parties traitant respectivement du rapport de la mystique et de la théologie, du Dieu des mystiques, de la lutte et du désir, des excès de la mystique, de ces dangers et, finalement, de la prière mystique. Vaste programme que l'auteur a quelque peine à respecter en profondeur, Un très grand nombre de citations de tous ordres et de tous auteurs, par trop différents les uns des autres, nuisent au propos général et contraignent à des raccourcis et à des réductions. Ainsi, par exemple, suffit-il de trois citations des Pères de l'Église pour affirmer péremptoirement la nécessité du geste mystique ? Ou d'évoquer Hegel, Rilke en une demi-page chacun ? Ou encore de citer sèchement quelques théologiens contemporains, comme si leurs textes ne méritaient pas quelque explicitation ou n'obligeaient pas à quelque commentaire ? L'ensemble se réduit alors un florilège peu respectueux des auteurs et de la densité de leurs textes. Dommage !