Date d'ajout : mardi 03 octobre 2017
par Henri-M. GUINDON
REVUE DE L'UNIVERSITÉ D'OTTAWA, octobre 1976
Tout en s'excusant de ne pas présenter l'histoire complète de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, de Paris, dont il est recteur, le P.A. Kniazeff nous en donne, en condensé, des pages très riches, émouvantes même.
Après avoir parlé de la fluctuation des systèmes jusqu'à la fondation des académies de théologie, il rappelle la décisive influence de Pierre le Grand (1682-1725) pour la culture orthodoxe, en dotant du titre d'Académie le collège de Kiev qui compta jusqu'à 1200 élèves alors que Moscou n'en avait que 600. Deux tendances cependant s'opposaient à Kiev : l'une, catholicisante, avec Stéphane Javosky ; l'autre, influencée par la Réforme, avec Théophane Prokovitch qui eut la faveur de Pierre le Grand. On abandonna alors Aristote et Saint Thomas d'Aquin pour Descartes, Leibniz et Wolf.
Le régime communiste, en 1917, amena la brisure d'avec un passé culturel et religieux et ferma tous les Séminaires et Académies. Un million de Russes, dont une grande partie de l'élite intellectuelle, émigrèrent en d'autres pays slaves et même à Berlin et Paris, dans l'espoir d'un prompt retour en Russie.
Dans cet exode, l'Église eut une place importante. C'est alors que Mgr Euloge Georievsky fit de Paris la capitale de l'orthodoxie. C'est à lui que revient la fondation de l'Institut Saint-Serge, établi depuis près des Buttes-Chaumont, à 93, rue de Crimée. Le 30 avril 1976 en marquait le cinquantenaire. Des noms comme ceux de Serge Boulgakov, de G.V. Florovsky et de Paul Evdokimov l'ont illustrés tant au point de vue œcuménique que mariologique. Le sous-signé a eu le grand plaisir d'y suivre les « Conférences Saint-Serge » que l'Institut présente, chaque année, en une Semaine d'Études liturgiques où sont invités une vingtaine de conférenciers orthodoxes, catholiques et protestants.
L'Institut Saint-Serge est un bel exemple d'ouverture œcuménique dans l'Église d'aujourd'hui.