Date d'ajout : mardi 02 mai 2017
par J.V. POLLET
BIBLIOTHÈQUE D'HUMANISME ET DE RENAISSANCE, T. 43, 1981
Issu d'un sermon (24 juin 1524), cet opuscule est bien dans la manière de Zwingli, à la fois métaphysicien et réformateur social. Sa thèse sur la justice divine, transcendante comme Dieu lui-même, s'apparente à la scolastique de la « via antiqua », tandis que celle sur la justice humaine, radicalement imparfaite - Zwingli ne craint pas d'employer les termes de : scélérat, hypocrite, etc. - se ressent du pessimisme de la Réforme luthérienne, mais en y ajoutant une dimension nouvelle, sociale. L'opposition instituée entre elles deux procède de la dialectique remise en honneur par l'humanisme, où Zwingli se complaît (ainsi dans: Der Hirt il oppose le bon et le mauvais pasteur), parce qu'elle fait impression sur le vulgaire, la vérité étant mieux connue par son contraire. Que J. Courvoisier ait cru bon de traduire cet opuscule en français montre qu'au-delà de son aspect conjoncturel il a une portée générale et toujours actuelle. La difficulté vient moins du contenu que de la forme, Zwingli employant volontiers des termes de saveur dialectale : prestenhaft (tache originelle), zimselwerk (cérémonies vaines), etc. Dans ces cas le traducteur met entre parenthèses le terme original. Notons d'ailleurs que parmi les témoins récents du renouveau zwinglien on enregistre des traductions en japonais (Akira Demura, 1974), en anglais (G. R. Potter, 1976), une biographie en italien (Francesco Erasmo Sciuto, 1980), etc.