Date d'ajout : mercredi 23 décembre 2015
par Pierre MAYOL
REVUE : ÉTUDES, décembre 1999
Pierre Chanut (1601·1662), né d'une famille auvergnate de négociants installés à Paris, précoce à brasser les affaires entre les continents, polyglotte parlant et écrivant latin, grec, hébreu, anglais, espagnol, italien « et surtout suédois », croyant fervent, philosophe et scientifique averti, mit ses talents au service du royaume en cette période troublée « qui reliait le baroque au classicisme en Europe » : Louis XIII, Richelieu. Mazarin, Séguier. Il était trésorier de France en Auvergne lorsque, d'abord remarqué par le Roi, il fut ensuite nommé par Mazarin « résident en Suède » (1645). Ambassadeur auprès de « l'Etoile du Nord », la jeune et brillante reine Catherine, il s'en fit le tuteur intellectuel, moral et religieux. Ami intime de Descartes qui demeurait en Hollande, il l'invita à Stockholm, où le philosophe mourut dans ses bras quelques mois plus tard (février 1650). D'autres missions lui furent confiées dans cette Europe baltique qu'il connaissait et aimait, avant qu'il ne se retire sur ses terres de Livry, ami de Nicolas Fouquet. Il meurt lorsque Louis XIV advient - contre Fouquet… Ce livre passionnant décrit la vie d'un diplomate de haut rang, heureux en ménage (beaux portraits de sa femme Marguerite et des enfants), d'un stratège habile, contemporain des traités de Westphalie (1648), pacifiant l'Europe, tandis que la France se déchirait (la Régence, la Fronde : Gondi, Condé, Conti…). C'est le portrait d'un « honnête homme philosophe » de haute volée, passionné d'idées et de sciences, de raison et de foi, européen avant l'heure, voyageur courageux, dévoué au bien public et, déjà, à la « paix universelle ».