Date d'ajout : mardi 06 juin 2017
par O. R.
IRÉNIKON, 172, 4
L'A., un des animateurs de la revue « Parole et Pain », avait à trouver chez S. Ambroise le déploiement le plus riche peut-être de toute la patristique du thème cher à son groupe. Ses études antérieures nous avaient déjà fait pressentir sa compétence et le présent ouvrage nous la fait apprécier sans réserve. La « Parole » efficace de la consécration, sermo operatorius, est exposée en des termes suggestifs (pp. 9, 39 et 1I8). La primauté ontologique de la Parole, audacieusement soulignée par S. Ambroise, notamment dans l'épisode des disciples d'Emmaüs (p. 43), vient à point rendre plus vivante ici la remise en valeur par le Concile de la « Liturgie de la Parole », nécessaire avant celle de l'eucharistie. Plusieurs fois S. Ambroise nous apparaît comme un des docteurs qui ont fait valoir le plus la relation doctrinale entre l'Orient et l'Occident (pp. 7, 50, 181). Les théories de Hitchkock niant toute idée de changement de substance dans l'eucharistie chez S. Ambroise sont bien réfutées, comme est effleuré aussi avec bonheur ce qu'on a dit du même docteur concernant l'épiclèse (p. 127). La profondeur et la totalité du mystère eucharistique sont énoncées par l'évêque de Milan à partir des premiers versets du Cantique des Cantiques en des phrases étonnantes, dont la valeur mystique n'échappe point. Il y a aussi une « mystique » du pain de la Parole (p. 212). L'union du sacrifice et de la communion est étudiée aussi d'une manière exhaustive et rejoint le « mouvement du Mémorial » (p. 180) qui fait de l'eucharistie le centre de l'histoire du salut trouvant son terme dans la théorie du « huitième jour », si souvent exposée par les Anciens. Cet ouvrage est d'une évocation spirituelle remarquable et d'une valeur scientifique qui ne laisse rien à désirer.