Date d'ajout : samedi 12 septembre 2015
par Jean CH�LINI
REVUE : LE PROGRÈS mai 1999
« Demain, nos chaînes étant tombées, nous entrerons dans la vie pour reconstruire. Quelle démission si, après avoir refusé le faux ordre qu'on voulait nous imposer, nous ne savions pas devenir les artisans d'une vraie révolution ».
Même reductrice, cette phrase apparaitrait symbolique si l'on voulait résumer la vie, à la fois courte et bien remplie, de Gilbert Dru. Né en e1920, cet étudiant en lettres fut un intellectuel chrétien engagé dans son temps, où avoir 20 ans coïncida avec 1a défaite française de 1940. « Battue par les armes, écrivit-iI le 19 juin de cette année-là, la France n'est pas morte si nous le voulons… ». Gilert Dru ignorait que la veille, un général à Londres avait émis ; en d’autres termes, les mêmes sentiments. « La Résistance était née », soulignent Denise Rendu et Jean-Marie Domenach, auteurs avec Bernard Comte et Christian Rendu, d'un livre consacré à « Gilbert Dru, un chrétien résistant » (Editions Beauchesne).
Un résistane encore longue à prendre forme, mais dont on saisit l'évolution à travers les engagements, les refus ou les soumissions qui caractérisèrent cette époque, que vécurent ce jeune disciple de Péguy et d'Emmanuel Mounier, la jeunesse chrétienne et un monde catholique tiraillé entre plusieurs options. Pour Dru, à partir de 1943 surtout, il fallait se persuader que « Résistance et politique ne devaient être qu'une seule et même chose, que la Résistance était la seule forme possible de l'action politique actuelle et la mère, l'institutrice de l'action politique future »
Le chemin s'arrêtera cependant ce jour de juillet 1944. Dru, avec Chirat, Chambonnet, Pieffer et Bernard, seront sommairement abattus place Bellecour. De « Gilbert Dru, celui qui croyait- au ciel », écrira, dès 1947, Jean-Marie Domenach, alors qu'Aragon lui avait dédié son poème te Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas », il sera question, autour de ce livre, à l'occasion d'une rencontre-dédicace organisée par la Centre d'histoire de la résistance et de la déportation, animée par André Mandouze, co-responsable du « Témoignage chrétien » clandestin à Lyon et l'historien Bernard Comte.