Date d'ajout : dimanche 20 septembre 2015
par A. J.
REVUE : L'HOMME NOUVEAU, janvier 2002
Vous avez dit secte ? Ce mot impossible à contourner est tout aussi difficile à définir. Du côté des Églises, le catholicisme a longtemps identifié l'ensemble des Eglises réformées à des sectes. Au sein même du protestantisme, la distinction entre les Eglises libres et le rejet de « groupes particuliers » dans la catégorie « sectaire », relèvent de critères théologiques extrêmement mouvants, inutilisables pour bâtir une classification. Se tourner vers l'Etat est également vain : il s'est aventuré sur ce terrain en condamnant les sectes mais en se gardant bien de les définir. Les évènements touchant l'ordre du Temple solaire, en 1994-1995, lorsque 53 puis 16 membres ont été retrouvés morts en Suisse et dans le Vercors l'obligeaient à réagir. Cela dit, les « critères de dangerosité des groupes à prétention religieuse » rapportés par la Commission parlementaire française ont entériné la notion péjorative accolée au mot et accru la confusion.
Rien d'étonnant à ce que, pour l'opinion publique, tout groupe présumé étranger aux grandes institutions religieuses soit qualifié de sectaire. Cela au risque d'englober les nouvelles communautés sans soupçonner leur appartenance à l'Eglise.
Le dictionnaire se propose d'en revenir à une analyse certes plus restrictive mais beaucoup plus précise : celle des historiens et des sociologues analysant les non conformismes chrétiens. Tous s'entendent pour retenir trois critères. D'abord, le caractère « contractuel » d'un groupe religieux et non une Eglise comme « institution de salut ». Ensuite, la légitimation directe par Dieu : directe et sensible.
Enfin, la notion de rupture avec la société et les Eglises traditionnelles.
L’ouvrage exclut les groupes qui se réclament d'une nouvelle Ecriture ou d'une nouvelle révélation. Les sectes sans références sont en effet sans dissidences. Elles ne sont donc plus sectaires au sens étymologique du terme (couper de…).
« Les marges du christianisme » explore les multiples ruptures du XIXe et XXe siècle, et offrent au lecteur de surprenantes découvertes.