Date d'ajout : mardi 02 mai 2017
par Marie-Vincent LEROY
RÉFORME ET RÉFORMATEURS
Le traité De la justice divine et de la justice humaine a pour origine un sermon prononcé par H. Zwingli le 23 juin 1523 à la cathédrale de Zurich dont il était le curé depuis 1519. Zwingli luttait contre deux fronts, devant affronter, non seulement les résistances de 1’Église catholique, mais aussi le radicalisme de ceux (les anabaptistes en particulier) qui jugeaient insuffisante la réforme entreprise et dont l'anarchie menaçait la cité, donc aussi bien l’État que l’Église. La prédication de Zwingli eut un tel écho qu'on lui demanda d'en rédiger le texte : d'où sa publication, le 30 juillet suivant, sous la forme sensiblement développée de ce traité.
Après une courte introduction, une première partie délimite, l'un par rapport à l'autre, les deux concepts de justice, la divine et l'humaine. Dans la seconde partie, Zwingli définit le comportement que doit avoir le chrétien à l'égard de l'une et l'autre de ces deux justices : l'existence de l'autorité civile est justifiée sur la base de Rom. XIII ainsi que d'autres textes bibliques, de même que l'obéissance que lui doit le chrétien. L'argumentation du réformateur est fondée sur le fait que l'homme est pécheur, ce qui ne permet pas d'envisager ici-bas la réalisation de l'idéal tel que la justice divine le décrit. Il faut donc, bien qu'il soit imparfait, un ordre garanti par l'autorité qui permettra d'assurer au mieux la prédication de 1'Évangile qui seul assure le salut de l'homme. L'accent mis sur la question du prêt à intérêt et de l'usure s'explique par le désir, sinon de supprimer, du moins de réduire le plus possible les abus qui, de tout temps, se sont manifestés en ces matières.
Nous nous réjouissons que ce texte, le plus important de Zwingli du point de vue politique, social et économique, soit désormais à la disposition du public d'expression française en cette excellente traduction, et nous souhaitons que d'autres textes non encore traduits en français soient aussi mis ainsi à sa portée. Signalons à nos lecteurs que la traduction de la Confession de foi de Zwingli de 1530 (Fidei Ratio) a été récemment publiée dans les Études théologiques et religieuses (LVI, 1981, p. 377-402).