Date d'ajout : mardi 18 avril 2017
par P. VALLIN
ARCHIVES DE SCIENCE RELIGIEUSE
La condamnation de Lamennais a été l’occasion donnant naissance à un important dossier conservé a l’Archivio Segreto Vaticano, section de la Congrégation pour les Affaires Ecclésiastiques extraordinaires. Le Père M. J. LE GUILLOU en avait établi il y a quelques années une transcription ; son frère Louis, qui vient d’achever la monumentale édition de la Correspondance de Lamennais, publie maintenant les pièces inédites de ce dossier (il laisse cependant de côté un certain nombre de pièces, en particulier parmi celles assez nombreuses concernant les relations du jeune Emmanuel d’Alzon avec Lamennais). Il donne une traduction française des pièces dont l’original est italien. Il établit enfin une séquence chronologique raisonnée, utilisant aussi des documents complémentaires. A la fin de l’ouvrage, des pièces justificatives fournissent en particulier la traduction française ancienne de Mirari Vos et Singulari Nos, la Censure de Mgr d’Astros, et des inédits provenant du Père Jabalot, maître général des Dominicains. On peut regretter l’absence d’Index.
Laissant de côté les documents qui éclairent les dispositions de Lamennais et de ses disciples au cours de ces années 1829-1834, on peut relever l’intérêt des documents en ce qui concerne les positions et argumentations des adversaires. Sur bien des points, l’on a surtout une confirmation de ce qui est connu par ailleurs : le rôle des gouvernements, celui de Metternich en particulier; celui de l’Épiscopat français, dans sa majorité, regroupé autour de d’Astros et appuyé sur les théologiens sulpiciens ; celui du P. Rozaven, assistant du Général des Jésuites : il est question de lui tout au long du dossier; la place jouée par l’attitude des catholiques de la Belgique nouvelle.
Plus neuf est l’éclairage apporté sur la figure du P. Jabalot ; en plus des documents publiés parmi les Pièces Justificatives, on peut lui attribuer une longue démonstration faisant partie du dossier de base (pp. 214-240) et qui s’attache à démontrer que les thèses mennaisiennes ne peuvent se réclamer de la pensée authentique de saint Thomas.