Date d'ajout : mardi 02 mai 2017
par Michel ADAM
REVUE PHILOSOPHIQUE, 4, 2004
L'auteur, religieux jésuite, interroge les voies d'accès vers le Dieu des philosophes. En conséquence, le Dieu de la Révélation ne trouvera pas place dans son cheminement qui ignore la formule pascalienne selon laquelle seul Dieu parle bien de Dieu ; Dieu sera excentré dans le discours philosophique. Mais le Dieu à chercher reste bien le Dieu parfait dont il nous faut trouver la proximité. Là où est Dieu, il attend l'homme pour lui donner ce qu'il est. C'est donc la liberté qui est en question. Pour pouvoir affirmer Dieu, elle devra s'engager entièrement et se préparer à se transfigurer, au contact d'un Dieu pour lequel l'aventure de chaque homme est l'amour qu'il apportera à Dieu.
Dieu n'est donc plus dit par les rites et les collectivités. Il y a trop d'inertie dans ces formulations automatiques. Il faut situer Dieu en attente d'une inter-locution, dans la puissance mentale de ce qui est à penser pour s'orienter vers lui. Il faut donc constituer un discours cohérent, totalisant, autant de conviction que de raison, argumenté et disponible, pour recevoir une réponse. Le jugement vécu par ce discours doit avoir le souci de nommer Dieu, pour rencontrer un sens, interroger le todo et le nada, sans oublier la démarche vivante du locuteur et chercher Dieu comme principe d'existence. L'éthique cherchera également un principe pour l'action, régulant la liberté sous le regard de l'universalité de la loi. L'absolu est ainsi approché dans la temporalité et dans la relativité. Une expérience s'impose qui est celle de la présence, autour de laquelle on peut recomposer ce qui est. Des crises, des expériences limites montreront la difficulté de la maîtrise de la recherche, en même temps que l'impossibilité de s'absenter de cette interrogation sur Dieu. Le problème du mal le rappellera, qui est pensé sur fond de liberté absolue. Enfin la quête de l'absolu ne saurait éviter une réflexion sur le mystique, terme de l'expérience humaine, comme du discours qui met le langage à hauteur d'absolu, inscrit l'attente dans le divin en souhaitant obtenir un secret en allant « jusque-là ».
Ce livre se lit avec intérêt. Une étude consacrée à Spinoza bouscule toutefois la réflexion. On se demande parfois si une distinction entre le divin et Dieu n'aurait pas été éclairante. Le croyant peut-il vivre si longtemps en attente du centre de sa vie spirituelle ?