Date d'ajout : dimanche 11 octobre 2015
par BULLETIN CRITIQUE DU LIVRE FRAN�AIS, f�vrier 2007
Au XIXe siècle, l'exode rural et l'industrialisation engendrent un déracinement des familles ouvrières et jettent à la rue bon nombre d'enfants, abandonnés, vagabonds, en voie de marginalisation. J. Rey prit conscience du problème sous la double influence des événements (grève des canuts à Lyon, 1834) et de l'action menée par des religieuses lyonnaises en faveur des filles abandonnées. Familier des prisons (avec les frères de St-Joseph dont il devint supérieur), il décide de fonder un « refuge » pour les garçons et de les séparer ainsi des autres détenus. Naquirent le refuge d'Oullins, 1815-1846 (chap. 2), la fondation de Cîteaux, 1846-1849 (chap. 3 et 5-6 – « Des colonies modèles ? ») et celle de Saint-Genest (Loire). Véritable pionnier de la formation professionnelle et de la réinsertion des jeunes en difficulté, J. Rey accomplit une œuvre originale, saluée par ses contemporains. É. Baratay se livre à une étude comparative des sources ecclésiastiques et administratives, en particulier les statistiques des établissements pénitentiaires (SEP), pour tenter de préciser les résultats auxquels aboutissent ces « colonies » en matière de santé, de scolarité, de réinsertion. Il les confronte à leurs homologues du XIXe en France, par exemple Mettray. É. Baratay recherche ce qui relève de l'idéologie dominante – « convertir les égarés en citoyens utiles, sociables, acquis aux valeurs bourgeoises » p. 168 - pour mettre en lumière la liberté, le pragmatisme (refus du tout agricole et création d'ateliers), le souci du bien-être des enfants. Bref, l'originalité de ce précurseur que fut le père Joseph Rey.