Date d'ajout : mardi 09 mai 2017
par Edmond DURAND
CAHIERS UNIVERSITAIRES CATHOLIQUES, mai 1984
Ce dossier en prolonge un autre, publié en 1975. Clairement structurée, la table des matières permet de situer chacun des 220 documents dans son époque, dans son milieu et dans un type de dialogue : question sociale ; œcuménisme (encore dans sa préhistoire chez les catholiques) ; dialogue avec les non-croyants, rencontre de Dieu. Quant à l'entourage de Laberthonnière, les 200 noms de l'index final le dessinent, amis, ennemis, contemporains, modèles, chroniqueurs, etc. ... Et la bibliographie s'ouvre grand.
Pourquoi tant de science à propos d'un prêtre et penseur d'il y a 60 ans ? A cause de sa personne ... et de sa cause ! Un grand esprit ; l'un de ces pionniers de l'annonce de la foi dans le langage de la pensée moderne. Un cœur douloureux, que l'intégrisme s'obstina à broyer. De 1913 à 1932 - date de sa mort - il est interdit de publication et de parole en public. Aux amis du Père Laberthonnière qui interviennent, la Curie ne fait jamais qu'une réponse : qu'il continue de se taire ! Certaines lettres du proscrit ont alors l'accent de Jérémie : à Jeanne d'Arc, dit-il, au moins ses juges firent un procès; moi, on ne veut même pas m'entendre.
... Il y a dans le livre 3 sortes d'interlocuteurs de Laberthonnière. D'abord, des laïcs : Louis Canet, conseiller pour les affaires religieuses au quai d'Orsay ; Pierre Marthelot, alors jeune professeur et qui deviendra, de 1963 à 1970, Président National de la Paroisse Universitaire. Blondel ; Parodi, inspecteur Général de l'Instruction Publique, non-croyant. Ensuite, de grands spirituels des autres Églises : Bœgner, Soderblom, Berdiaev, etc. Enfin, des prêtres : Lemire, Birot (archiprêtre d'Albi), le Père Sanson - On sait maintenant que ce dernier, Oratorien, fit retentir pendant 3 carêmes - 1925, 1926 et 1927 - des conférences rédigées mot à mot par le Père Laberthonnière .
... Un dossier qui passionne. Et quelle authenticité de la « doctrine »! « Dieu, écrit Laberthonnière, n'est pas un potentat qui a besoin de vengeance ... Il naît au milieu de notre misère. Il porte le poids de notre égoïsme ... Mourant par nous, par sa générosité il meurt pour nous ». Les sacrements et la vie chrétienne ne sont pas le résultat d'une machine remontée qui fabriquerait la grâce, mais collaboration entre nous et Dieu. « L'Église est l'organe d'une charité chaude ».