Date d'ajout : mardi 20 juin 2017
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BULLETIN CRITIQUE DU LIVRE FRANÇAIS, octobre 1973
Cette étude consciencieuse - une thèse soutenue à l'Institut catholique de Paris en 1972 - due à un professeur à l'Université Notre-Dame d'Indiana aux États-Unis est d'un grand intérêt. Elle a pour axe la doctrine de l'eucharistie, c'est-à-dire de l'action de grâces, chez le grand philosophe juif d'Alexandrie, Philon, contemporain de Jésus. Elle part d'une étude très fouillée des concepts associés au mot grec eucharistein, « remercier, rendre grâces, être reconnaissant, bienveillant » et des mots apparentés ou parallèles ainsi que du vocabulaire hébraïque correspondant. Chez Philon lui-même, l'auteur étudie le vocabulaire et l'imagerie exprimant l'action de grâces, la doctrine selon laquelle Philon interprète toute la liturgie juive par rapport à ce concept. Son extension à la cosmologie est confrontée à la religion cosmique sur laquelle avait alors débouché la pensée grecque. J. Laporte étudie aussi la doctrine philonienne de la grâce où Dieu apparait comme la source des vertus dans l'Ame, ce qui exige encore des actions de grâces, car un grand danger pour l'homme consiste à s'attribuer le mérite de ces vertus. L'auteur termine par une comparaison instructive entre la doctrine de Philon et celle du Corpus hermétique. L'ouvrage est très solide, d'une documentation exhaustive, d'une intelligence et d'une finesse d'analye remarquables. Il touche à bien des points importants et se maintient sur des positions raisonnables à l'égard des diverses théories comme celle de Goodenough. Il apporte beaucoup pour la compréhension de la pensée grecque et de celle du judaïsme de l'époque concernée ainsi que sur les bases de départ de la pensée chrétienne.