Date d'ajout : dimanche 21 février 2016
par Nicolas CHAMP
REVUE : CARNET DE L'AFHRC 09 2013
Chaque année, l’Association française d’histoire religieuse contemporaine tient une journée d’étude. Le présent ouvrage rassemble un florilège de communications issues de plusieurs d’entre elles : Lectures religieuses des États-Unis (2005), Nouveaux chantiers en histoire religieuse (2006), Culpabilité (2007), Dialogue(s) interreligieux. Approches historiques et théologiques (2009), Approches religieuses du social (2010).
Ce volume, dont les textes ont été repris et actualisés par leurs auteurs, marque le début d’une nouvelle série de la collection « Bibliothèque Beauchesne », Les Cahiers de l’AFHRC, qui publiera régulièrement les actes des journées. Les prochains volumes porteront sur Genre et histoire religieuse (2011 et 2012) puis sur Nourriture et religions (2013).
L’histoire religieuse contemporaine s’insère dans des configurations historiographiques successives où elle tient une place différenciée : de l’histoire des Annales à « l’histoire en miettes », en passant par le renouveau de l’histoire politique et le foisonnement de l’histoire culturelle, elle n’a jamais prétendu être une histoire englobante. Si cette position minoritaire a un sens, c’est bien celle de l’interaction avec d’autres approches. De cette démarche, ce volume est le témoignage en faisant dialoguer l’histoire religieuse avec l’histoire sociale, l’anthropologie ou encore l’histoire transnationale.
Ce recueil aurait pu reprendre le titre d’un ouvrage qui fit naguère date, Jeux d’échelles. Les textes proposés déclinent en effet les échelles géographiques, du local (cercles de fermières du diocèse de Versailles) à l’international (Saint-Siège et Russie) en passant naturellement par le cadre national si familier aux historiens français : la France (associations de charité), mais aussi le Québec (Révolution tranquille) et le Japon (dialogue interconfessionnel). Dans une perspective transnationale, ce sont plutôt les transferts qui font sens dans les articles que l’on lira sur le judaïsme libéral, la méthode Coué ou encore la Ligue sociale d’acheteurs ; tous trois tracent des espaces de circulations entre Europe et Amérique.
Les relations sociales sont elles aussi observées à différentes échelles, de l’approche biographique à la mise en scène de groupes de taille variable, le plus intéressant étant évidemment la mise en résonance de ces entités, un peu comme des poupées russes mais qui s’entrechoqueraient autant qu’elles s’emboîteraient. La dimension individuelle et/ou collective est une question centrale de la culpabilité déclinée ici à l’échelle du couple, d’un groupe de croyants ou d’une nation tout entière, invitant à entrer dans une démarche d’histoire culturelle conçue comme une histoire sociale des représentations.
Plusieurs textes par ailleurs, loin de traiter la « religion » comme un isolat, l’insèrent dans les plus vastes respirations de l’histoire et sont attentifs aux moments qu’elle traverse autant qu’elle contribue à les constituer. L’engagement de Françoise Vandermeersch se comprend ainsi dans le « moment » années 1960.