Date d'ajout : mardi 04 juillet 2017
par I.H. D.
INFORMATIONS CATHOLIQUES, janvier 1973
Le mot « eucharistie » s'emploie de plus en plus habituellement parmi les catholiques francophones pour désigner non plus une notion abstraite, un « sacrement », mais un acte, cette célébration qu'on appelait naguère encore « la Messe », d'un terme énigmatique d'interprétation incertaine. Mais en fait au-delà des mots et des appellations, les chrétiens d'Occident ont-ils jamais nettement perçu le mouvement le plus essentiel de cette action qui les rassemble, au moins chaque dimanche et jour de fête, pour refaire ensemble les gestes du Christ, en ce dernier repas qu'il prit avec les siens « la nuit même où Il fut livré » ? Historiens, sociologues, théologiens, catéchètes ont bien des raisons d'hésiter sur une réponse affirmative. Et c'est pourquoi il faut se réjouir de voir se multiplier les recherches qui mettent en meilleure lumière la signification profonde de l'eucharistie. Tel est l'objet de ces deux thèses soutenues récemment, de manière d'ailleurs entièrement indépendante, à l'Institut catholique de Paris. Celle de J. Laporte, professeur à l'Université d'Indiana (U.S.A.), plonge dans la préhistoire culturelle et spirituelle, interrogeant cet éminent témoin du judaïsme hellénisé. Philon d'Alexandrie, contemporain de Jésus. On comprend mieux en lisant ces pages, que leur rigoureuse technicité ne rend pourtant pas inaccessibles à des lecteurs cultivés, dans quel climat les premières communautés chrétiennes ont pu célébrer le « repas du Seigneur » et le désigner comme « Eucharistie » action de grâces qui se formule dans le cadre d'une « Bénédiction ». C'est précisément l'un des formulaires les plus vulnérables transmis sous le nom de son premier évêque, Jacques, le Frère du Seigneur, qu'a étudié A. Tarby. Après avoir jalonné à grands traits l'histoire et les développements de ce texte, l'influence qu'iI exerça dans les diverses liturgies orientales et celles dont il fut bénéficiaire, l'auteur s'est surtout attaché à en mettre en pleine lumière les richesses doctrinales et spirituelles. Par là, son travail dépasse largement le champ d’intérêt des spécialistes pour ouvrir à tous les chrétiens un trésor trop insuffisamment connu, du moins en Occident. Il n'a pas de peine à montrer en conclusion combien cette prière est toujours actuelle ; n'a-t-elle pas d'ailleurs inspiré largement la nouvelle « Prière eucharistique IV » récemment introduite dans notre liturgie ?