Date d'ajout : dimanche 03 janvier 2016
par Jacques-No�l P�R�S
REVUE : ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES, 1999
Réuni à Paris début septembre 1996 à l'initiative conjointe du Département de grec de l'Université de Tours el du Département de la recherche de l'Institut catholique de Paris, un colloque a permis à 24 chercheurs et universitaires, philologues, historiens et théologiens, de faire le point sur l'état actuel des débats relatifs à ce moment singulier qui a vu la confrontation pour ne pas dire l'affrontement - du jeune christianisme et de l'antique culture grecque, ou, si l'on veut, de la foi et de la rationalité, mais aussi et concomitamment, qui a vu se nouer des liens profonds entre l'un et l'autre, quand l'un emprunte à l'autre l'outillage conceptuel qui va lui permettre de s'autodéfinir et de s'exprimer. En voici les actes.
Les grands noms de l'apologétique chrétienne ancienne ont bien sûr leur place dans ce livre : les Justin, les Tatien, les Athénagore, les Théophile et les Tertullien, et d'autres encore. On y rencontre aussi Jérôme et Augustin, Grégoire de Nazianze et, Théodoret, et jusqu'aux docteurs de l'Église jacobite des VIe et VIIe s., et je n'oublie ni Socrate, ni Diodore de Sicile, ni l'empereur Julien. Mais ce qui me semble important, à les lire, c'est de constater l'extrême agilité intellectuelle des apologistes, qui les a conduits à adopter des modes de discours variés avec tout l'arsenal rhétorique qui allait de pair, et à les adapter selon leurs interlocuteurs, afin d'actualiser chaque fois le message chrétien. C'est en ce sens qu'auprès d'eux, comme le remarque J. DORÉ (478), sans oublier aucun des instruments modernes auxquels il peut recourir, le théologien de notre époque, dans son besoin d'élaborer une éthique et une sagesse acceptables, trouve encore un utile enseignement.
Un problème théologique apparaît au long de ces pages, que je voudrais relever. C'est celui de la « culture juive » : serait-ce celle du judaïsme hellénistique, des théologiens chrétiens des premiers siècles, particulièrement soulignée par N. ZEEGERS à propos de Théophile d'Antioche, mais aussi par F. CHAPOT à propos du même Théophile et d'Aristide ? Derrière cette question en effet s'en cache une autre : celle de l'hellénisation - plus ou moins rapide - du christianisme. Celle-ci est-elle alors dans le moindre des cas une simple manie de l'expression théologique et dans le pire la contamination, à l'issue certes d'un conflit, de la foi par la philosophie ? Ou bien a-t-elle été une nécessaire transformation du langage, une contextualisation pourrions-nous dire aujourd'hui, qui a permis à l’Église, en élaborant les dogmes, de dire et de transmettre sa foi et aussi son espérance ?