Date d'ajout : mardi 13 juin 2017
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VIE DOMINICAINE, novembre 1973
Nous connaissons assez peu le monachisme oriental. Il n'existe pas d'ouvrage qui en présente l’histoire dans son ensemble. Si quelques noms émergent dans notre mémoire (Antoine, Pakhôme, Basile), des pans entiers de cette histoire demeurent dans l'ombre : par exemple, les origines du monachisme palestinien. Justement sur ce point, voici un livre qui nous apporte beaucoup. Sophrone de Jérusalem est un moine remarquable, trop ignoré (par exemple dans le Précis d’histoire monastique de Dom Patrice Cousin, Paris 1956, il a tout juste cette brève mention : « sophiste », « ami et collaborateur » de Jean Moschus, il « finit patriarche de Jérusalem », p. 80). L'auteur nous fait connaître sa vie sa spiritualité et surtout son œuvre et sa doctrine. Il le situe dans le prolongement de l'âge d'or du monachisme palestinien (dans cette lignée de grands moines qui, liés deux à deux par une amitié, développent d'une part l'anachorétisme, d'autre part le cénobitisme : St. Euthyme (377-473) et St. Théoctiste ; St. Sabas (439-532) et St. Théodore ; enfin St. Sophron (550-639?) et Jean Moschus, l'auteur du « pré spirituel »). La doctrine de St. Sophron se présente non pas systématiquement, mais à travers des Lettres, des Sermons, des vies de saints et des hymnes liturgiques. Il s'agissait de maintenir l'enseignement du concile de Chalcédoine à l'encontre des hérésies contemporaines. Il expose une solide doctrine de l'Incarnation, elle-même insérée dans une profonde théologie de la Trinité. Ce qui est surtout remarquable chez lui, c'est l'attitude personnelle qui est à la source de la lumière théologique : un humble accueil de la sagesse de Dieu, « folie » aux yeux des hommes. Une grande leçon nous est donnée dans l'expérience de tous ces moines : c'est par leur retraite solitaire en Dieu, qu'il ont eu un rayonnement exceptionnel dans l'Église. La lecture de ce livre, très abordable aux profanes, sera ainsi une source d'enrichissement