Date d'ajout : mardi 25 juin 2019
par U. Z.
REVUE : IRENIKON 2018
Il n'est pas difficile de voir que, en un peu plus d'un siècle, l'étude des Pères de l'Église a pris une place qu'elle n'avait plus eu dans l'Église d'Occident depuis l'Antiquité; tous les chrétiens savent aussi que, depuis quelques dizaines d'années, le mouvement œcuménique a grandement rapproché les différentes confessions chrétiennes, même si le but à atteindre - une unité véritable, dont la communion à la même table eucharistique sera à la fois le signe et la réalisation - paraît encore assez lointain. y a-t-il un rapport entre ces deux phénomènes? C'est du moins la question à laquelle a voulu répondre M.-A. Vannier en organisant deux colloques autour de ce thème, en octobre 2015 et en mars 2017, dont un bon nombre de communications se retrouvent dans ce volume. L'éditrice s'est chargée de faire elle-même l'historique, en rappelant notamment que la collection Sources chrétiennes devait en partie sa naissance à l'influence exercée en France par l'émigration russe (Vladimir Lossky, Myrrha Lot-Borodine, etc.), en même temps qu'à l'entrée de la patristique dans le programme universitaire, grâce à de grandes figures françaises comme H.-I. Marrou. On sait aussi que le profond changement de mentalités amené dans la théologie catholique par l'ouverture aux Pères grecs, et d'ailleurs à la pensée patristique en général, se reflète dans les décrets de Vatican II, qui sont écrits dans un langage en accord avec celui des Pères et de l'Écriture, abandonnant la conceptualisation de type philosophique qui régnait depuis des siècles. Les protestants, eux aussi, ont perçu tout l'intérêt de la tradition vivante représentée par les Pères, qui aide à mieux entrer dans le monde de la Bible, puisque les Anciens en étaient bien plus proches que nous. Les autres conférenciers ont chacun illustré tel ou tel point, soit en montrant le renouveau des études sous un angle particulier, ou en un lieu donné, soit en exposant la nouveauté des recherches sur un sujet précis (Ignace d'Antioche, apocryphes chrétiens, Origène, Ambroise de Milan, Fortunatien d'Aquilée, les Pères du désert... ). Les deux derniers articles ouvrent la perspective en la focalisant l'un sur Thomas a Kempis, qui fut grandement apprécié par les « Saints Pères » de Russie, l'autre expliquant l'icône de la Descente du Saint-Esprit sur les Apôtres. Un petit livre qui permet de faire rapidement le tour de la situation dans un domaine qui prend de plus en plus d'importance.