Date d'ajout : mardi 18 juillet 2017
par Raymond LEMIEUX
STUDIES IN RELIGION-SCIENCES RELIGIEUSES, 1974, 5
L'auteur s'efforce de présenter et de reconstituer la pensée de Jean Chrysostome sur la souffrance à partir des conditions historiques dans lesquelles cette pensée s'est enracinée. L'importance qu'il accorde à ces conditions historiques vient non seulement d'une exigence méthodologique mais de la conjoncture même de l'évolution de la pensée de l'orateur sacré. Jean Chrysostome, nous rappelle l'auteur, « n'a pas écrit de traité sur la souffrance. Ce sont les circonstances historiques de son époque, ce sont la vie des chrétiens et leurs besoins ainsi que la situation personnelle de Jean qui lui servaient de cadre et fournissaient des éléments à sa réflexion » (6).
L'auteur découpe son plan de travail à partir de cet enracinement historique mais son développement consiste beaucoup plus à présenter la pensée de Jean Chrysostome, qu'à l'expliquer. Il nous montre comment cette pensée s'est opposée au manichéisme, comment elle est tributaire de la philosophie stoïcienne et il manifeste la complémentarité de ses développements théologiques et philosophiques. Nous aurions aimé retrouver plus clairement sous ces développements l'anthropologie qui les a portés, c'est-à-dire la vision du monde qui naît des relations de l'homme et de son milieu en termes d'analyse économique, sociale et culturelle. Le recours trop exclusif aux expressions philosophiques et théologiques de cette anthropologie risque d'en masquer les déterminations profondes et de buter sur des accidents historiques qui n'en sont que des indicateurs, de l'influence stoïcienne à la polémique manichéenne.