Date d'ajout : mardi 23 mai 2017
par M. CHEVALLIER
REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSE, 1990, 3
Il s'agit là de la dernière traduction de J. Courvoisier, décédé l'été 1988. Il restitue le titre de Zwingli qui est plus précis : « De la clarté et de la certitude ou puissance de la Parole de Dieu » (Klarheit und Gewissheit des Wortes Gottes).
Il s'agit d'une prédication prononcée devant les Dominicaines du couvent d'Oetenbach près de Zurich en 1522. Elle fut réimprimée et développée par les soins du Réformateur, en 1524, pour convaincre celles des religieuses qui ne l'étaient pas encore, à un moment où le couvent sera bientôt fermé et la Réforme établie.
L'orateur part de considérations sur le fait que Dieu a créé l'homme à son image, le dotant d'un souffle de vie ; après le péché, c'est la parole qui est productrice de vie « rien ne peut combler l'âme de joie, l'affermir et la consoler que la parole de son créateur (Schöpfers und Bilders) ». Ensuite pour montrer le caractère certain de la Parole de Dieu, Zwingli va citer d'innombrables exemples tirés de l'Ancien ou du Nouveau Testament pour en arriver à la partie polémique de l'ouvrage : ne vaut-il pas mieux se fier à la claire parole de Dieu qu'à celle des hommes, responsables d'ordres entre lesquels il y a des rivalités, ou membres du clergé qui veulent garder leur autorité et qui mentent ? Il ne faut pas croire ceux qui se prétendent habilités à juger de l'Écriture. Soyez « théodidactes », exhorte Zwingli. Le Seigneur par son Esprit donne lui-même au fidèle la compréhension de l'Écriture. L'ouvrage s'achève par une douzaine de courtes thèses dont plusieurs font appel à une expérience religieuse, preuve de l'action de Dieu : « Ressens-tu que la crainte de Dieu te réjouit plutôt que de te rendre triste, c'est une action certaine de la parole de Dieu et de son Esprit ».
Il est précieux que ces deux opuscules, grâce aux soins du traducteur maintenant disparu, lui-même spécialiste de Zwingli, soient remis en lumière presque au même moment. Ils resituent la problématique de cette période précise où la Réforme était sur le point de s'établir à Zurich et nous présentent la pensée du réformateur sur deux sujets qui lui tenaient particulièrement à cœur. Dans l'un comme dans l'autre cas, la parole de Dieu est l'unique critère de toute vie chrétienne authentique.