Date d'ajout : mardi 16 mai 2017
par A. HARVENGT
NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE, 1999
Le premier essai d'accord œcuménique entre catholiques et anglicans se place à une période où les théologiens sont en effervescence. En 1713, Clément XI a donné la Bulle Unigenitus; en 1717 quatre évêques, suivis bientôt par beaucoup d'autres, en appellent contre la Bulle au Concile général : constitutionnaires et appelants s'affrontent. Le schisme menacerait-il ? Vue de Londres, la situation paraît favorable au rapprochement entre gallicans, opposés à Rome, et anglicans également soucieux de l'autonomie de leur Église. En France on souhaite aussi consolider le modèle gallican par un dialogue avec une communauté proche, fidèle à l'épiscopat, soucieuse de référence à l'Église primitive, et ce en dépit de points controversés. En 1717, les protagonistes de l'échange, Louis Ellies du Pin, théologien parisien, et William Wake, archevêque de Cantorbéry, sont mis en relation par la médiation d'un autre théologien de Paris, Patrice Piers de Girardin et du secrétaire de l'Ambassadeur d'Angleterre à Paris, William Beauvoir. Une correspondance s'engage alors entre Paris et Londres et du Pin rédige un Commonitorium de modis ineundae pacis inter ecclesias anglicanam et gallicanam, dans lequel il tente la voie de la conciliation, sans renoncer à aucun point fondamental de la foi catholique. Wake, par contre, espère le schisme et voudrait que les gallicans se rallient sans plus à l'anglicanisme.
L'entreprise échoue donc sur ce malentendu, non sans témoigner de l'idéal d'union, qui reste vivace chez les chrétiens, et de l'estime réciproque que se vouent les intervenants.
L'A. a rassemblé ici 148 pièces recueillies en diverses archives et doublées parfois de documents contemporains qui reflètent les réactions parfois soupçonneuses de l'opinion. Chaque pièce est précédée d'un résumé et munie de notes explicatives. Le classement chronologique permet une répartition en quatre sections : Les espérances ; Vers le schisme ; L'échec ; La dispersion. Les pièces sont en latin, en français et en anglais. Une introduction rappelle le contexte historique et synthétise le contenu des discussions et leur portée. Une bibliographie recense les sources manuscrites et imprimées et les travaux, tandis qu'un index permet de repérer les personnes et les documents dont il est question dans ce volume. Le Dr R. Runcie, qui préface l'ouvrage, estime qu'il apporte un utile complément à la biographie que N. Sykes a donnée de son prédécesseur.