Date d'ajout : mardi 02 mai 2017
par J.D. DUBOIS
ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES, 1985, 2
Le Père Festugière a réussi à achever avant sa mort l'année dernière l'essentiel de la traduction des actes des conciles œcuméniques d'Éphèse (431) et de Chalcédoine (451). Réuni pour combattre les idées de Nestorius sur les deux natures du Christ, le concile d'Éphèse donna lieu à une série de pourparlers difficiles entre les orthodoxes et leurs adversaires, jusqu'en 433 où Cyrille d'Alexandrie parvient à un accord avec Jean d'Antioche. La première collection de textes sur Éphèse permet d'illustrer ces années 431-433 avec des documents s'échelonnant tout au long de cette période. Rassemblés à la gloire de l'évêque Cyrille, ces textes ne sont pas toujours classés par ordre chronologique, et le lecteur non initié appréciera les sommaires et les tables qui ouvrent ce gros volume. Le concile de Chalcédoine, quant à lui, n'a pas vraiment dépassé les définitions dogmatiques de Nicée-Constantinople et d'Éphèse, mais son importance historique n'en est pas moins grande, car il marque la véritable rupture entre l'orthodoxie de Constantinople et les Églises orientales d'Égypte et de Syrie qui ont pris les définitions théologiques de Chalcédoine pour une trahison du concile d'Éphèse. Il est donc heureux de pouvoir trouver en un seul vol. les actes de ces deux conciles, même si les actes de Chalcédoine ne sont représentés que par les procès d'Eutyches et de Dioscore. L'épaisseur du volume aurait pu donner deux tomes, l'un sur Éphèse, l'autre sur Chalcédoine. Le hasard a voulu que la fin de la traduction des actes de Chalcédoine (sessions III-VI, avec la Définition de la foi) paraisse en 1983 dans une autre collection (Cahiers d'orientalisme IV) chez un autre éditeur (Patrick Cramer, Genève).
Travailleur infatigable, le Père Festugière (célébré par un Mémorial, Cahier d'orientalisme X, chez P. Cramer, Genève) passait ses moments d'insomnies à traduire des textes accessibles en langue originale aux seuls spécialistes. Il s'agit ici de toutes les lettres de patriarches, évêques empereurs et fonctionnaires qui circulèrent avant, et pendant le concile, ainsi que les textes des rapports et dépositions des diverses sessions, avec la liste des présents (documents très utiles pour l'histoire des évêchés à cette période). Dans certains cas on dirait un livret d'une pièce de théâtre, avec des indications sur les acteurs et le texte de leur déclaration ; dans d'autres on croirait lire le scénario d'un film où les robes d'évêques se détachent sur un fond de milice impériale. Il faut rendre hommage aux éditions Beauchesne d'avoir accepté de mettre à la portée des historiens de l'Église, des juristes et des théologiens une somme aussi considérable de documents, rarement étudiés dans le cadre des études consacrées à l'un ou l'autre de ces deux conciles.