Date d'ajout : mardi 18 juillet 2017
par René HENRY
REVUE BELGE DE PHILOLOGIE ET D'HISTOIRE, 1974, 3
Argument pour les incroyants, douloureux problème pour les croyants, la souffrance, surtout dans le paradoxe de la souffrance du juste, a toujours été une pierre d'achoppement.
S'intégrant dans un des courants de la théologie actuelle qui tend à se « ressourcer » dans les textes des Pères, voici un livre intéressant et bien conçu.
Jean Chrysostome n'a pas écrit de traité sur la souffrance mais il en a très souvent parlé, de sorte qu'il faut une enquête attentive à travers toute son œuvre pour aboutir à une synthèse comme celle-ci. C'est ce qu'a très bien réalisé M. Nowak qui a réparti la matière de son étude dans un triptyque bien équilibré.
Une première partie traite des opinions fausses sur la souffrance : elle n'a pas Dieu pour cause, elle n'est issue ni d'une sorte de dualisme manichéen ni de la matière ni d'une fatalité mais elle a sa source dans le libre choix de la volonté humaine (proairésis). Dieu permet la souffrance et les modalités que revêt celle pensée font l'objet de la deuxième partie du livre. Enfin, la troisième partie pose le problème moral : pourquoi le méchant souffre et surtout pourquoi le juste souffre. Chemin faisant se trouve dégagée la valeur positive de la souffrance.
Sur ces problèmes toujours débattus et toujours douloureux, Jean Chrysostome a apporté une pensée ferme et nourrie à la fois de pensée grecque et de science scripturaire mais surtout de l'expérience d'un homme qui a bien connu la souffrance des autres et à qui les épreuves personnelles n'ont pas été épargnées. M. Nowak a suivi cette pensée fidèlement avec des références constantes aux écrits de Jean Chrysostome et une étude attentive de son vocabulaire.
Une contribution intéressante aux études patristiques et à l'histoire de la pensée chrétienne sur un sujet particulièrement délicat et toujours actuel.