Date d'ajout : mardi 11 avril 2017
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REVUE THOMISTE, 1, 1988
Le Sibour de Jean Manceau fait pâle figure. Est-ce la faute de l'archevêque ou de son biographe ? Le personnage, pourtant, ne devait pas manquer de relief : né en 1792, prêtre en 1818, il ne sera jamais un nostalgique de l'Ancien Régime ; séduit par Lamennais, ardent propagandiste de l'Avenir, ne cachant pas ses sympathies républicaines, mais rallié à l'Empire par opportunisme, il ne cessera pas d'être la bête noire de Louis Veuillot et de l'abbé Combalot. Contre eux il engagera en vain son autorité épiscopale. Dans l'exercice de sa charge pastorale, il ne se contentera pas de réorganiser l'administration du diocèse de Paris, de réunir un concile provincial ou de promouvoir les hautes études théologiques, mais il se préoccupera aussi d'aller aux plus délaissés, aux plus pauvres, pour lesquels, à la veille de son assassinat, il approuvera un projet de « mission ouvrière ».
Pour écrire son ouvrage, l'A. a disposé des Archives historiques de l'archevêché de Paris et il a utilisé les papiers de l'administration des Cultes aux Archives nationales. En revanche il ne connaît la nonciature de Paris qu'à travers la correspondance du nonce ; Garibaldi avec Mgr Mathieu publiée par Paul Poupard. Comment peut-on aujourd'hui écrire la vie d'un archevêque de Paris sans avoir dépouillé les fonds de la Secrétairerie d'État aux Archives vaticanes ? En outre une rédaction prolixe, une construction asservie sans cesse à la chronologie (qui trahit une conception par trop événementielle de l'histoire) rendent décevante cette thèse soutenue en 1978 à l'Institut catholique de Paris. Mais sans doute faut-il se consoler en disant melius est sic esse quam non esse.