Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016
par Monique ROBERT
Nous devons à Dom Pierre Miquel, abbé émérite de l'abbaye Saint-Martin de Ligugé, la publication simultanée des ces trois petits livres, consacrés à l'une des trois Personnes de la Trinité. Chacun d'entre eux s'attache à préciser ce qui est propre à celle dont il est traité, mais ne néglige pas pour autant ses modes de relation aux deux autres. Chaque opuscule est conclu, suivi par une bibliographie et une table des matières.
La méthode, très appréciée, de l'auteur qui groupe en florilège les propos susceptibles d'éclairer la question traitée, est de citer toutes ses sources, qu'elles soient tirées de l'Écriture ou de commentaires variées. Ces derniers apportent parfois des vues prises à partir d'angles très différents.
Relevons dans Le Fils que la spécificité de Celui-ci est précisément sa génération éternelle par le Père, ce qui aboutit à la conclusion que donne le Prologue de l'Évangile de Jean. Mais le fait de l'Incarnation, qui permet au Fils de révéler le Père, est évoqué avec les nuances apportées par des christologies nouvelles, avec leurs implications éventuelles vers des hérésies comme avec leurs mérites. En outre, l'auteur ne néglige pas les dix questions insolubles par la raison et par l'histoire que l'on se pose à propos du Christ.
L'Esprit souligne combien l'expérience humaine dans l'usage d'un symbole plein de sens permet une meilleure connaissance de ce qu'il désigne. Ainsi, le premier Testament présente la ruah, le souffle, comme l'haleine de vie que le Seigneur dispense à notre humanité ou comme le vent, plus ou moins violent selon les cas. Mais une quantité d'autres symboles désignent les différentes activités de l'Esprit-Saint qui personnalise et spiritualise. La question délicate du Filioque n'est pas éludée, mais traitée de façon éclairante en une quinzaine de pages. La conclusion consiste, cette fois, en une citation de saint Irénée, extraite de la Démonstration de la prédication apostolique.
Enfin Le Père souligne combien, par analogie avec les liens affectifs humains, on a pu dire de Lui qu'il est à la fois paternel et maternel. Mais aussi qu'il joue le rôle d'Époux spirituel tant d'Israël (malgré l'infidélité) que de toute âme humaine tournée vers Lui.
Une critique, apportée par des philosophes, reproche à la présentation d'un Dieu Père de maintenir ses adorateurs dans une attitude infantile. Ceux-ci se situeraient par rapport à une omnipotence, élaborée de toutes pièces selon des modèles humains. Mais, précisément, la relation du Fils au Père témoigne de la qualité « adulte » du comportement libre qui nous est proposé par son exemple. La conclusion, ici, est empruntée à saint Hilaire, en son De Trinitate.
Il peut arriver que l'on rencontre une coquille, mais le lecteur attentif rectifiera de lui-même. On soulignera plutôt que la présentation, tant par la qualité du papier que par celle de la typographie, est agréable. J'ajoute que chacun de ces livres est dédié : Le Fils, «A mes amis
musulmans» ; L'Esprit, « A mes amis chrétiens » ; Le Père, « A mes amis juifs ».
Les intentions de ces dédicaces sont aussi pour nous source de réflexion.