Date d'ajout : mardi 16 mai 2017
par __ __
REVUE THOMISTE
Grâce aux études sur Les mouvements franciscains présentées à la Table ronde du C.N.R.S. le 23 octobre 19823, la France aura apporté une contribution originale de grande valeur à la commémoration du huitième centenaire de la naissance de saint François d'Assise. Comme il se doit, plusieurs communications concernent le premier franciscanisme : celui de la première fraternité d'Assise, dont Jacques Paul observe la signification sociale; celui des fondations conventuelles en France, du XIIIe au XVe siècle, étudiées par Alain Guerreau ; celui que reflètent les « états du monde », dont Jean Batany est le spécialiste ; celui des spirituels proches des aspirations des cathares, tel Bernard Délicieux, à qui Jean-Louis Biget consacre un chapitre. Plusieurs touchent le mouvement franciscain au XVIe siècle : en la personne de la bienheureuse Jeanne-Marie de Maillé (par André Vauchez) ou en celle du prédicateur Pierre-aux-Bœufs (par Hervé Martin). Au XVIIe siècle : sous la forme des missions intérieures prêchées par les capucins (par Bernard Dompnier), par les réactions critiques que suscite François d'Assise chez Pierre Bayle (par Élisabeth Labrousse). Toutefois la partie la plus neuve me paraît celle consacrée au XIXe siècle, non seulement pour l'image de saint François dans l'art français (par Bruno Foucart), mais surtout pour le tiers-ordre franciscain, dont l'importance numérique et la composition sociologique (par Claude Savart) et le rôle joué dans le catholicisme social (par Jean-Marie Mayeur) font l'objet d'études soigneusement documentées, dont l'histoire religieuse de la France dans la seconde moitié du XIXe siècle tirera profit. Le titre Les Réveils missionnaires en France des actes du colloque de Lyon, « organisé en 1980 par la Société d'histoire ecclésiastique de la France avec le concours de la Société d'histoire du protestantisme français », n'est peut-être pas assez explicite, car les missions étudiées sont essentiellement celles de l'extérieur de la métropole. Toutefois le colloque ne méconnaît nullement le rapport étroit entre la conscience missionnaire orientée vers les pays lointains et celle tournée vers l'espace national. Le colloque se proposait d'examiner les conditions de l'envoi en mission, du côté de l'Église de France, et d'apercevoir, à travers les missions, quel souci inspirait la chrétienté de départ. Dans la longue durée (envisagée ici depuis le temps des croisades jusqu'à l'époque de Vatican II), la relation étroite entre la vie intérieure de l'Église et l'expansion missionnaire se manifeste surtout à trois moments autour desquels le volume s'articule: avec l'évangélisme des mendiants, lorsque la mission se substitue à la croisade; avec les deux réformes du XVIe siècle, lorsque capucins et jésuites se jetteront dans l'évangélisation au plus loin jusqu'en Extrême-Orient) comme au plus près (dans les provinces françaises), et que la congrégation romaine De propaganda fide stimulera l'élan missionnaire ; au lendemain de la Révolution française, lorsque la reconstruction chrétienne du pays amènera la conquête missionnaire de l'Afrique. C'est dire quelle richesse présentent les contributions publiées dans le volume des actes, aussi bien en ce qui touche l'histoire de la mission qu'en ce qui concerne les sources nouvelles à exploiter (notamment les archives administratives des anciennes colonies françaises). Il faut signaler aussi que le volume contient plusieurs études consacrées aux missions protestantes. Par sa méthodologie renouvelée, par l'apport de ses résultats, par son ouverture œcuménique, l'ouvrage apporte un indispensable complément à l'Histoire universelle des missions catholiques publiée en 1957 sous la direction de Mgr S. Delacroix.