Date d'ajout : mardi 18 juillet 2017
par J. HUG
CHOISIR, 254, février 1981
Trente ans environ après le concile de Vatican 1 une crise grave secoue le monde catholique, La pensée traditionnelle de l'Église est affrontée à la critique des sciences humaines, notamment de l'histoire. La crise a été apparemment résolue par la condamnation sans nuance par le Pape Pie X des écrits de l'exégète français Alfred Loisy et d'autres auteurs incriminés, Mais le choc se répète. Quinze ans après Vatican Il, il y a de nouveaux affrontements entre la pensée de l'Église et les requêtes des sciences humaines, notamment de la psychanalyse. Les condamnations récentes de J. Pohier et de H. Küng en sont la preuve. Poussés par l'actualité, des philosophes de l'Institut catholique de Paris réfléchissent sur le sens du modernisme. Dans leur ouvrage, je relève en particulier l'article de J. Greisch sur Maurice Blondel. Le modernisme est une crise herméneutique. Les penseurs indépendants du début du siècle qui se heurtent aux questions de leurs contemporains, Blondel, Loisy ont, entre eux, une peine énorme à se comprendre. Il n'y avait donc pas deux fronts : les intégristes et les modernistes, mais d'un côté la position, à laquelle se rallia la hiérarchie, qui se refuse au débat sur les problèmes du monde moderne et, de l'autre, des penseurs chrétiens sincères qui, individuellement, souvent dans la solitude, essaient de frayer des voies entre la foi traditionnelle et les interrogations du monde contemporain.
L'histoire ne se répète pas mais la réflexion sur le choc du début de notre siècle pourrait servir le débat actuel entre les théologiens et la hiérarchie.