Date d'ajout : jeudi 14 janvier 2016
par J.-P. RIBAUT
REVUE : ENSEMBLE, mars 1997
Entre Révolution et modernisme, la période 1800-1914 est tout à la fois riche et mal connue en ce qui concerne les sciences religieuses. Parallèlement au labeur patient de prêtres érudits qui travaillent en autodidactes ou œuvrent au sein de Sociétés savantes, dans le domaine de l'histoire particulièrement, de vastes mouvements d'idées parcourent le XIXe siècle. A la pensée contre-révolutionnaire d’un Maistre ou d'un Bonald succède rapidement le libéralisme des Lamennais, Lacordaire ou Gerbet qui voudraient réconcilier l'Église et le monde. Mais
c'est en fait la problématique de tous, théologiens, philosophes, historiens, médecins et savants des différentes confessions qui abordent, directement ou indirectement, durant cette période, le domaine des sciences religieuses.
Le précieux volume mis en œuvre par François Laplanche présente, au long de ses 678 pages, 714 notices biographiques de personnages ayant, à des titres divers, apporté leur contribution aux sciences religieuses au cours du XIXe siècle. A côté des figures de premier plan, l'ouvrage rappelle l'œuvre primordiale et trop souvent oubliée de personnages secondaires dont l'activité fut déterminante, mais diffusée dans des sphères parfois restreintes.
Seule une femme, Madame de Staël, trouve place dans ce panthéon où elle côtoie, non seulement une foule d'ecclésiastiques et de laïcs des différentes confessions, mais aussi des rationalistes et des libres penseurs dont l'influence fut déterminante pour les progrès de la science religieuse. En dépit des efforts d'objectivité de l'architecte de cette œuvre monumentale, le choix des sujets peut toujours prêter à discussion ; ainsi, on peut regretter l'absence du Père d'Alzon, pionnier de la notion d'université catholique à cette époque et promoteur de la presse catholique ; inversement on s'interroge sur la présence dans un volume consacré au XIXe siècle de Mgr Calvet (1874-1965) ou de Mgr Arquillière (1883-1956) dont l'œuvre n'est guère significative avant 1914… L'Université catholique de Lille y est très présente avec les plus célèbres de ses pionniers : les recteurs Hautecoeur et Baunard, les chanoines Didiot, Pannier ou Salembier, l'historien Canet, le botaniste Boulay…
Il faut savoir gré à François Laplanche d'avoir, contre vents et marées, mené à bien l'œuvre entreprise ; il nous offre un volume riche, qui s'intègre tout naturellement dans ce Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine ; l'ouvrage rendra de précieux services à tous ceux qui s'intéressent au XIXe siècle, mettant à leur disposition une information précise et sûre, mise en valeur par la présentation claire et agréable des différents ouvrages de la collection.