Date d'ajout : samedi 17 octobre 2015
par A. HAQUIN
REVUE : REVUE THÉOLOGIQUE DE LOUVAIN 2003, n°1
La mentalité occidentale est particulièrement insensible au monde du symbole, notamment dans la célébration des sacrements dont on a surtout retenu l'efficacité. Or, c'est au travers du signe que s'exprime et s'actualise le don de Dieu dans les médiations sacramentelles du salut.
Le baptême (mais aussi la confirmation et l'eucharistie), objet de la présente recherche, est particulièrement riche au plan de la symbolique littéraire et rituelle. C'est en scrutant les significations bibliques de chaque symbole, mais aussi la préhistoire des symboles dans les religions non bibliques, leur interprétation dans les textes patristiques et leur situation à l'intérieur de l'action rituelle que l'A. inventorie les mille facettes de chacun. Cette approche transversale est particulièrement heureuse.
L'A. passe en revue les symboles les plus importants de l'initiation chrétienne : le « sacrement de l'eau » (Tertullien) qui porte la vie, la mise au tombeau (certaines cuves baptismales, comme à Arles, avaient la forme d'un sarcophage), l'huile du salut étendue sur la tête ou le corps (tantôt dans l'exorcisme, tantôt dans la consécration du baptisé), le « sacrement de la lumière » (le Christ plongeant dans les eaux du baptême n'est-il pas comme le soleil qui se perd dans les eaux ?), le « sacrement de la liberté chrétienne » (le baptême comme « sacrement frontière » postulant une décision libre exprimée dans la double renonciation vers l'ouest et profession de foi vers l'est), la nourriture et la boisson de l'eucharistie (notamment la triple coupe mentionnée dans la Tradition Apostolique: coupe d'eau, de lait et de miel, et de vin consacré), le sacrement du « sceau de la foi » (Tertullien), appelé tantôt signum tantôt signaculum, signe du croyant, sceau de l'Esprit exprimant l'appartenance à l'Alliance et la protection du Christ.
Comme G.-H. B. le rappelle utilement, le triple rituel baptismal élaboré à la suite de Vatican Il demande qu'on prenne au sérieux la symbolique multiforme du baptême. N'est-elle pas le signe de ce que le mystère sacramentel dépasse à la fois toute ritualisation et toute conceptualisation ? Les symboles sont à vivre dans l'action rituelle, mais ils supposent une initiation.
La catéchèse sacramentelle, pratiquée depuis l'antiquité chrétienne, retrouve aujourd'hui toute son actualité.