Date d'ajout : mardi 24 janvier 2017
par G. T.
REVUE : MONDE & VIE, 24 novembre 2016
La communication janséniste au XVIIIe siècle
Monique Cottret et Valérie Guitienne Murger ont dirigé un collectif sur la revue janséniste au XVIIIe siècle, intitulée Les nouvelles ecclésiastiques. Le sous-titre dit tout : Une aventure de presse clandestine au siècle des Lumières. Le pouvoir royal, après avoir inspiré au pape la Bulle Unigenitus en 1713 n'a pas cessé de persécuter les catholiques jansénistes, en particulier ceux, prêtres et laïcs, qui s'étaient solidarisés avec les quatre évêques français à avoir fait appel contre cette fameuse bulle romaine. Des curés ont été destitués et assignés à résidence, des nobles embastillés, des laïcs se sont vu refuser l’absolution, des églises ont été vandalisées… Et inlassablement durant un siècle, l'objectif des Nouvelles ecclésiastiques était d'utiliser la belle langue du XVIIIe siècle pour raconter les exploits de ceux qui, d’une manière ou d'une autre s'opposaient à la pensée unique antijanséniste (On ne peut même pas dire : à ceux qui s'opposaient aux jésuites, car l'ordre de Saint-Ignace a été interdit en France par Louis XV en 1773). Je recommande en particulier l'article de Monique Cottret, intitulé sobrement 1793. On voit comment les Jansénistes, théoriquement au moins, étaient « à l’aise dans la démocratie comme un poisson dans l’eau », mais aussi comment les Nouvelles ecclésiastiques (qui paraissent jusqu’en 1803) ont toujours défendu l'intérêt des fidèles catholiques. C’est une autre manière de voir une histoire qui est la nôtre. Au plus des batailles la plume des hérauts jansénistes ne s’est jamais départie de la subtilité qui les anime. Ainsi Jean-Louis Rondeau, dernier rédacteur de Nouvelles ecclésiastiques devenues manuscrites, glissait : « Quant aux fidèles, le pape en est ou en doit en être le père. Seul Jésus-Christ en est le maître ». À méditer.