Date d'ajout : mardi 06 juin 2017
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REVUE THOMISTE, 1974, 4
Ce livre qui a le mérite de rassembler comme en un dossier bien fourni, mais assez touffu et insuffisamment ordonné, une abondante documentation, se propose de montrer que l'Église post-apostolique, en reconnaissant à ses ministres le caractère sacerdotal et en leur décernant le titre même de « prêtres » (hiéreis, sacerdotes), n'a point trahi mais prolongé, en la précisant, la pensée apostolique du Nouveau Testament. L'A. reprend, en l'étoffant notablement et en la développant, la thèse dont il avait déjà donné en 1956 un premier crayon dans les Fonctions ecclésiales aux deux premiers siècles (paru chez Desclée De Brouwer dans la collection « Textes et études théologiques »), où il s'inspirait d'assez près de l'étude, publiée en 1947 et traduite en français en 1955, de dom Gregory Dix sur le Ministère dans l'Église ancienne ... Une première partie (« Les racines apostoliques »), qui porte sur les données néo-testamentaires, entend établir que si le titre de prêtre n'y est jamais appliqué aux ministres de l'Église, et semble même soigneusement évité, c'est « pour marquer le rejet du sacerdoce lévitique dès lors périmé, et non pas toute idée de sacerdoce, dans la mesure où le sacerdoce se spiritualise et s'accomplit en vérité en Jésus-Christ, dans la communauté chrétienne d'une part, et d'autre part dans la fonction apostolique et en ceux qu'elle s'adjoint pour proclamer, garder et sceller liturgiquement la nouvelle Alliance » (p. 207). Une seconde partie traite de « la prise de conscience » de cette fonction sacerdotale dans la période postapostolique. J. C. y limite son enquête aux écrits de la fin du premier siècle et des premières années du second : Clément de Rome, la Didachè, l'Epître de Barnabé, les Odes de Salomon, le Pasteur d'Hermas, les Lettres d'Ignace d'Antioche. Comme Harnack (qu'il oublie de citer) l'avait bien montré au début du siècle (dans Entstehung und Entwicklung der Kirchenverfassung und des kanonischen Rechts in den zwei ersten Jahrhunderten, Leipzig, 1910, p. 83-85), c'est en fonction de l'eucharistie définie comme le « sacrifice » de l'Église que ceux qui dans l'Église étaient habilités à la célébrer apparurent comme possédant un « sacerdoce » purement ministériel ou sacramentel, et en prirent pleinement conscience. Cette prise de conscience fit « des "presbytres" chrétiens, non seulement des "anciens" à la mode juive, mais des "prêtres" au sens sacerdotal du terme » (p. 207).