Date d'ajout : mardi 13 juin 2017
par I.H. DALMAIS
BIBLE ET TERRE SAINTE, 151, mai 1973
Les pèlerins de Jérusalem évoquent-ils toujours au mont des Oliviers, près de la mosquée qui rappelle le souvenir de sa rencontre, en février 638, avec le calife Omar, la grande figure du patriarche Sophrone ? Après avoir chanté dans ses vers la pérégrination à travers les Lieux saints, dont il était devenu le gardien, Sophrone eut le destin tragique d'en confier la sauvegarde au lieutenant de l'Islam.
Ce devait être le dernier acte scellant une longue vie tout 'entière au service du Christ. Damascain d'origine, il avait acquis dans sa jeunesse une solide culture grecque, puis avait embrassé à Alexandrie la vie monastique, avec son ami Jean surnommé Moschos qui l'introduisit dans la tradition spirituelle et ascétique du monachisme palestinien. Cette tradition devait se structurer, au cours de longues pérégrinations, en une ferme doctrine théologique qui lui permettra de discerner, l'un des premiers, les risques de déviation renfermés dans les formules apparemment unionistes élaborées par le patriarche de Constantinople Sergius. Cette doctrine théologique de Sophrone, trop peu étudiée jusqu'ici, fait l'objet principal de l'ouvrage du P. von Schönborn, fruit d'un travail universitaire présenté aux Facultés dominicaines du Saulchoir. L'auteur met en lumière comment elle s'enracine dans la tradition monastique authentiquement vécue et quel rôle décisif a joué Sophrone auprès de celui qui devait devenir saint Maxime le Confesseur. Ce beau livre, rempli de ferveur en même temps que de solide science, fait revivre pour nous l'une des plus grandes figures chrétiennes de la Terre sainte en la replaçant dans tout le milieu qui l'a formée et qui trouve en elle l'une de ses plus parfaites expressions.