Date d'ajout : mardi 04 juillet 2017
par A. DE HALLEUX
R.T.L., 1974, 3
Le Prof. Barnard (Leeds), spécialiste estimé de la patristique prénicéenne, consacre à Athénagore une monographie avertie et personnelle, dont un des mérites majeurs consiste sans doute à avoir bien marqué l'originalité de cet apologiste par rapport aux autres « Pères apologètes », avec lesquels il se trouve souvent amalgamé. L'A. rattache Athénagore à l'école chrétienne platonisante d'Alexandrie. Il maintient l'authenticité du traité sur la résurrection et il date la Légation du séjour alexandrin de Marc-Aurèle (hiver 175-176), à qui l'apologiste aurait personnellement présenté son plaidoyer, « la meilleure œuvre littéraire du genre à l'époque antonine » (p. 179), « le seul rival sérieux du Contre Celse d'Origène » (p. 51). Les influences subies par Athénagore sont soigneusement vérifiées : moyen platonisme éclectique, Galène, Marc-Aurèle, Justin, mais non Celse, ni le montanisme. L'apologète ne renie pas la philosophie grecque, comme Tatien ou Théophile, et il ne l'adopte pas comme Justin et Clément : tenant le milieu entre ces deux extrêmes, il christianise Platon dans la mesure où ce philosophe peut servir la vérité chrétienne en la déjudaïsant. L'A. analyse la pensée d'Athénagore concernant Dieu, le Logos-Fils, le Saint-Esprit et la Trinité, la création et l'anthropologie, la connaissance et l'être, l'Église et la liturgie, la vie chrétienne. Il souligne les nombreux mérites de l'apologiste, mais sans dissimuler ses faiblesses. La plus frappante de celles-ci consiste dans la prétérition de l'Incarnation ; encore ce silence doit-il s'expliquer comme une précaution apologétique indispensable à l'époque, et non comme une faille dans la foi ecclésiale du chrétien.