Date d'ajout : mardi 20 juin 2017
par Esther STAROBINSKY-SAFRAN
REVUE DE THÉOLOGIE ET DE PHILOSOPHIE, 1974, III
Cet ouvrage met en évidence l'importance de l'action de grâces dans la piété philonienne : jusqu'ici aucune recherche n'avait été entreprise sur l'eucharistie chez Philon pour elle-même. - Le livre débute par une étude terminologique: celle des mots de la famille d'eucharistein dans la littérature grecque païenne, mais aussi judéo-hellénistique et chrétienne. Les termes et les rites exprimant l'action de grâces dans la Bible sont aussi examinés, de même que leur survivance chez Philon. - J. Laporte rapproche justement la doctrine eucharistique de l'Alexandrin des concepts éminemment juifs de mémoire et d'oubli de Dieu, essentiels dans la spiritualité philonienne. - L'action de grâces accompagne ordinairement les offrandes et les sacrifices. Spiritualisant la notion du culte, Philon passe des sacrifices à la prière et à l'offrande de soi à Dieu. La vocation de la louange de Dieu étant universelle, l'eucharistie a un caractère cosmique. Néanmoins, pour Philon, elle est surtout liée à la vie intérieure de l'âme. Par l'action de grâces, nous nous mettons à l'abri de l'orgueil spirituel et rendons à Dieu ce qui lui appartient. - J. Laporte établit des comparaisons intéressantes entre Philon et le judaïsme de son époque, les écrits de Qumrân, la tradition philosophique grecque et le Corpus hermétique. Mais il ne se garde pas toujours de la schématisation : ainsi, à propos de la position pharisienne dans la « controverse sur le mérite » (p. 238 s.). - La discussion sur les divers points cités se fonde sur une large documentation.