Date d'ajout : mardi 20 juin 2017
par M.-A. G.
REVUE THOMISTE, 4, 1974
On trouve chez Philon une doctrine de l'action de grâces qui mérite d'être étudiée : J. Laporte tente de le faire selon les méthodes le plus strictement scientifiques. Le premier chapitre est une nomenclature terminologique des mots grecs eucharistia, eucharistein et de leurs équivalences dans J'œuvre de l'Alexandrin. Le ch. Il fait l'inventaire des circonstances liturgiques et sacrificielles où trouve place, selon Philon, l'action de grâces. Puis l'on examine les motifs qu'il donne de la nécessité de l'action de grâces : d'abord, la création cosmique elle-même (ch. III) ; puis et surtout, les impératifs d'une vie intérieure et d'une piété qui reconnaissent que tout est grâce de la Providence toute puissante (ch. IV). C'est ce dernier motif qui, du point de vue de Philon lui-même, devrait être principalement développé, tout le reste n'étant que préparation matérielle d'une théologie naissante de la grâce, dans le cadre d'une pensée où le critère de la foi monothéiste et de l'honneur de Dieu était majeur.
Avouons une certaine déception : tout était disposé en vue de la réflexion proprement philosophique et théologique, voire ascétique et contemplative. Elle est absente ou tourne court. L'A. pense devoir s'en tenir aux méthodes exégétiques et historiques sécularisées, sans entreprendre sur la philosophie, la théologie et la mystique. Libre à lui de choisir le terrain de sa recherche ; on ne le lui reprochera pas, car il fait bien ce qu'il veut faire. Mais sa réussite même, en cela, laisse quelque regret de ce qu'il ne fait pas.