Date d'ajout : mardi 04 juillet 2017
par H. CROUZEL
BULLLETIN DE LITTÉRATURE ECCLÉSIASTIQUE janvier 1974
Dans cette étude concernant le grand théologien juif d'Alexandrie le mot « eucharistique » est évidemment à prendre non dans son sens chrétien mais dans sa signification étymologique. Eucharistia, c'est l'action de grâces. Comme le montre tout le livre, la doctrine « eucharistique » de Philon découle de la conviction profonde que tous les vrais biens, y compris les vertus, proviennent de Dieu et doivent lui être rapportés. Attribuer à soi-même le mérite de ses actions c'est le comble de l'impiété, de l' « athéïsme ». Sous-jacente à cette conception de l'action de grâces se trouve donc une idée de la grâce toute proche du christianisme.
Le premier chapitre est consacré à une recherche très précise de vocabulaire : le verbe eucharistein avant Philon, les termes hébreux exprimant l'action de grâces ou les idées apparentées, leur traduction dans la Septante et leur survivance chez Philon ; enfin eucharistein chez Philon. Le second chapitre étudie la dimension « eucharistique » de la liturgie du Temple et du sacerdoce lévitique, telle qu'elle ressort des allégories philoniennes. Le troisième chapitre expose la place de l'action de grâces dans la « religion cosmique », c'est-à-dire dans les rapports de Dieu avec l'homme et le monde : elle vient à Philon à la fois de la philosophie grecque et de la tradition biblique et elle permet d'esquisser le jugement du théologien juif sur les philosophes. Enfin le quatrième chapitre, le plus important, certes, concerne la vie intérieure et 1'« eucharistie », à partir, là aussi, de la double tradition, philosophique et hébraïque, qui conflue dans cette œuvre : il traite notamment du problème du mérite chez les Juifs, tel que l'ont soulevé les critiques faites par Jésus aux Pharisiens.